Micaël est le Messie lui-même, le représentant visible du Créateur, le « Fils de Dieu » mentionné par le Psaume 2. En Daniel 11.2, nous apprenions que trois rois devaient encore « se lever » en Perse. Le même verbe, en hébreu, est employé ici à propos de Micaël[3]. Sa royauté était déjà reconnue par le gouvernement céleste, elle va s’imposer à présent sur la Terre. Il était déjà notre « Souverain pontife » — c’est-à-dire le « pont » entre le Ciel et nous —, il va devenir maintenant notre Souverain tout court.

Il cesse donc, à ce moment-là, de travailler au salut des être humains égarés ou révoltés ; et il s’impose en tant que conquérant de ses ennemis et protecteur de ses fidèles. Attendre que le « roi » du chapitre 11 « arrive à sa fin » pour prendre au sérieux le Grand-Prêtre céleste c’est attendre trop longtemps. Il sera en effet trop tard alors pour bénéficier de la miséricorde divine. La porte, si longtemps ouverte, sera fermée, définitivement.

De l’autre côté, sur la Terre, le barrage si longtemps opposé par l’Esprit de Dieu au flot du mal disparaîtra soudain. On mesurera alors à quel point l’Esprit divin protégeait les hommes contre leur propre violence. Le monde sera stupéfait en assistant à cette explosion de rébellion si longtemps contenue. Certes ce sera « un temps de détresse » sans précédent. Parfois aujourd’hui nous voyons, à échelle réduite, de quelles horreurs l’humanité est capable quand elle repousse l’Esprit du Créateur. Mais, quand la porte du Saint des saints sera fermée, cette folie gagnera le monde entier. Les incrédules seront livrés à leur propres envies, sans limitations.

Cependant il subsiste un espoir : « ton peuple échappera ». « Ton peuple » ici désigne le peuple de Yahveh, tous ceux qui l’adorent avec la même fidélité que Daniel. Selon l’apôtre Jean, ces croyants sont de toute origine géographique et culturelle (Apocalypse 14.6). Ils ont dit oui à l’amour dévoué du Messie qui les a cherchés et rassemblés en lui. « Il n’y a plus ni Juif, ni Grec, il n’y a plus ni esclave, ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme : car tous, vous êtes réunis en Jésus le Messie. Et si vous faites partie du Messie, vous êtes la semence d’Abraham, héritiers selon la promesse. » (Galates 3.28-29, traduction libre).

Leurs noms restent donc gravés « dans le livre », « le livre de vie de l’Agneau » (Apocalypse 13.8). Seuls ceux dont les noms y figurent reçoivent la vie éternelle. Dans ses visions, Jean apprend que toute personne non enregistrée dans ce livre subira la mort éternelle (Apocalypse 20.15). Dans l’Apocalypse, Jésus nous précise que des noms peuvent être effacés du livre de vie. Il ne suffit pas de « croire », il faut garder cette foi, même au prix de combats spirituels : « Ainsi le vainqueur portera-t-il des vêtements blancs ; je n’effacerai pas son nom du livre de vie, et j’en répondrai devant mon Père et devant ses anges. » (Apocalypse 3.5, cf. 22.19) Le jour où nous entendrons le Messie prononcer notre nom devant le trône céleste et assurer qu’il répond de nous, nous serons les êtres vivants les plus heureux de l’univers.

Il est possible d’effacer des noms du livre de vie. Prenons quelques exemples bibliques. Le cas de Judas Iscariote est le plus connu. Au lieu de surmonter sa passion pour le pouvoir et l’argent, il permit à cette tendance de le dominer. Il trahit le Fils de Dieu pour trente pièces d’argent. Quand il se rendit compte de son erreur, sa faute lui parut trop écrasante et il se suicida au lieu de se repentir. Saül, le premier roi d’Israël, était parfois sensible à l’Esprit divin (voir 1 Samuel 10.6 ; 19.23-24). Mais il permit à la jalousie et la haine pour David de le dominer et n’accepta pas la sentence du Tout-Puissant, qui voulait mettre fin à son règne. Il mourut misérablement, désespéré et battu par ses ennemis. Koré, Dathan et Abiram (Nombres 16), trois chefs hébreux éminents, se révoltèrent contre l’autorité de Moïse et furent anéantis. Ces récits sont pavenus jusqu’à nous afin de nous éviter l’obstination dans les mêmes travers, particulièrement en ces temps de la fin (1 Corinthiens 10.11).

Le sort de chaque croyant doit être fixé avant la fin du Yom Kippour tenu dans le temple céleste par le Messie. Ce service, on le sait, correspond à un jugement (voir Daniel 7 et 8). Jésus le confirme dans l’Apocalypse : « Je viens bientôt, et j’apporte avec moi ma récompense, pour rendre à chacun selon son œuvre. » (22.12) L’auguste assemblée entrevue par Daniel, au chapitre 7, examine attentivement « l’œuvre », la vie, de chaque croyant. Dès que ce jugement est achevé, Micaël peut se lever et venir prendre possession de son royaume. Chacun doit auparavant choisir son camp.

Le jugement, qui précède la venue de Micaël, concerne des personnes défuntes. Jésus y fait allusion quand il parle de « ceux qui seront jugés dignes de parvenir à la résurrection d’entre les morts, pour faire partie du monde à venir » (Luc 20.35, Parole de Vie). Mais le jugement concerne aussi des personnes encore en vie au moment où Micaël se lève. En effet, plus loin, Jésus parlant de l’époque de son retour recommande : « Tenez-vous donc en éveil et priez, sans vous relâcher, pour que Dieu vous donne la force d’échapper à tous ces malheurs futurs et pour que vous puissiez vous présenter debout avec assurance en présence du Fils de l’homme. » (Luc 21.36, Parole de Vie) Ces dernières personnes, dont vous ferez peut-être partie, seront changées instantanément, sans passer par la mort (cf. 1 Corinthiens 15.51-55).

Veiller et prier, ne pas se relâcher, voilà une attitude cohérente avec l’esprit du Yom Kippour. Voilà une attitude qui sied à des croyants fidèles, jugés certes, mais défendus efficacement devant le tribunal céleste par un « Fils d’homme » (Daniel 7.13), titre que Jésus s’attribuait volontiers (cf Ézéchiel 1.26). Ce jugement, rappelons-le, a débuté en 1844, à l’issue des 2 300 jours de la prophétie de Daniel 8. Nous avons vu au chapitre 8 qu’il existe plusieurs sortes de livres dans l’administration céleste. Nos paroles, nos actes, nos plus secrètes pensées y sont fidèlement consignés[4] et seront impartialement examinés par les êtres célestes. Heureusement, l’aveu et le repentir permettent d’effacer les parties les plus sombres de notre existence. Il faut effacer quelque chose des registres célestes : soit nos noms, soit nos péchés. Nos noms risquent d’être effacés si nous refusons la victoire sur nos mauvais penchants, victoire que le Messie souhaite ardemment nous communiquer.

L’apôtre Pierre l’exprime ainsi : « Changez donc radicalement, faites demi-tour, pour que vos péchés soient effacés ; qu’ainsi des temps de réconfort viennent du Seigneur, et qu’il envoie le Christ (le Messie) qui vous a été destiné, Jésus (Micaël). » (Actes 3.19) Salomon le savait : « Qui cache ses fautes ne réussira pas, qui les avoue et y renonce obtiendra miséricorde. » (Proverbes 28.13). Dans le sacrifice du Messie, « la fidélité et la loyauté se rencontrent, la justice et la paix s’embrassent » (Psaume 85.10). Si le sang des béliers et des boucs ne pouvait réellement effacer le péché, la vie du « Fils de l’homme » le peut. Son sacrifice efface les péchés de deux façons : d’abord, en tant que Créateur, il fournit en sa propre personne un substitut aux coupables tout à fait valable pour la loi ; ensuite il révèle jusqu’où l’amour divin peut aller, ce qui nous bouleverse et nous motive pour ne plus pécher. David l’avait bien senti : il fallait que son cœur change (voir Psaume 51.1-2). Jean-Baptiste, un nouvel Élie selon Jésus, l’avait reconnu : l’Agneau de Dieu « ôte le péché du monde » (Jean 1.29) ; il s’agit aussi de l’ôter du cœur humain.

Cet ouvrage, le Messie en a posé la pierre angulaire (voir Daniel 9.24) ; c’est le Messie qui l’achève également, lors du Jour du grand pardon céleste, en ce moment même. Rien ne serait possible sans le sacrifice du Messie. Cette oblation inimaginable produit un tel effet sur l’esprit de ses fidèles que tout goût pour le mal est effacé de leur cœur, dès à présent. L’effacement de leurs péchés des registres célestes prend alors, et alors seulement, tout son sens pour l’univers.

Voici ceux qui seront jugés dignes d’entrer dans l’éternité avec le Messie : « Ils suivent l’agneau partout où il va. Ils ont été rachetés d’entre les hommes comme prémices pour Dieu et pour l’agneau, et dans leur bouche ne s’est point trouvé de mensonge : ils sont irréprochables[5]. » (Apocalypse 14.4­5) Le Messie s’est sacrifié afin de rendre ce miracle possible.

Daniel 12.2Une multitude, qui dort au pays de la poussière, se réveillera : les uns pour la vie éternelle et les autres pour le déshonneur, pour une horreur[6] éternelle.

Le Nouveau Testament distingue également deux sortes de résurrection, et il précise leurs moments respectifs. La première, celle des croyants, a lieu à la venue du Messie Jésus (Jean 5.28-29 ; 1 Thessaloniciens 4.16-17). La seconde, celle des incroyants a lieu à la fin des mille ans de l’Apocalypse (20.5-8). Mais ici, l’ange indique une résurrection spéciale, qui survient en même temps que la première, et à laquelle l’Apocalypse fait aussi allusion (1.7). Nous y apprenons en effet que plusieurs personnes ayant participé à la crucifixion du Messie, il y a deux mille ans, le verront revenir en gloire sur les nuées célestes. Jésus lui-même a promis au Grand-Prêtre qui l’a condamné, Caïphe, qu’il le verrait glorifié (Matthieu 26.64) et Jésus tient ses promesses. Les chefs religieux rebelles à l’esprit de Dieu de l’époque assisteront donc au retour de celui qu’ils jalousaient tant. Le Tout-Puissant n’imposera aucune torture physique particulière aux réprouvés[7]. Sa seule présence, empreinte de bonté et de majesté, leur sera insupportable.

Daniel 12.3-4Ceux qui auront eu du discernement[8] brilleront comme brille la voûte céleste — ceux qui auront amené la multitude à la justice[9], comme des étoiles, pour toujours, à jamais. 4Quant à toi, Daniel, tiens secrètes ces paroles et scelle le livre jusqu’au temps de la fin. Une multitude alors cherchera[10], et la connaissance augmentera.

Il n’est pas toujours facile d’avoir du discernement ou d’être « sages » (Darby) dans le monde actuel, car la perspicacité spirituelle peut déranger. On peut perdre des amis, des biens, des facilités, du confort. La compagnie du Messie nous amène à partager, dans une certaine mesure, le scandale, la solitude et les difficultés qu’il a lui-même affrontés. C’est le prix à payer pour amener « la multitude dans le droit chemin » (Colbo). Ceux qui consacrent leur temps au salut d’autrui recevront une récompense incomparable : la joie de rencontrer dans l’éternité des personnes qui les remercieront de les avoir aidés au bon moment.

Satan, l’adversaire du gouvernement céleste, essaye constamment de nous effrayer, de nous décourager, ou nous de plonger dans la confusion. Il présente à notre esprit l’observation des commandements, du shabbat en particulier, comme un choix trop coûteux, surtout si notre entourage ne partage pas nos convictions. En réalité, si nous choisissons de rester fidèles à Yahveh et à son Messie, nous sommes largement gagnants. Nous pouvons perdre des revenus, notre emploi, des amis, voire même des proches. Mais notre héritage céleste, matériel et relationnel, est largement supérieur. Il est impérissable, il brille de mille feux à l’image de la voûte étoilée.

Nhésitons donc pas à nous engager au côté du Messie pour l’aider, autant que nous le pouvons, à achever l’œuvre du Tout-Puissant sur la Terre. Ne nous épargnons aucune peine. « Le fruit du juste est un arbre de vie[11] ; celui qui gagne les cœurs[12] est un sage. » (Proverbes 11.30) Ce sont ces sages-là qui brilleront comme les étoiles pour toujours.

Le livre de Daniel devait rester fermé à la compréhension du public jusqu’au temps de la fin, soit jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Depuis lors, dans toutes les parties du monde, nombre de chercheurs et de croyants l’ont fouillé en tout sens. La connaissance de son message a considérablement augmenté ; il a suscité et suscite toujours un grand intérêt.

La progression dans la connaissance biblique s’est accompagné d’un essor sans précédent des connaissances scientifiques. Ainsi le Tout-Puissant a préparé le terrain pour la réception de son message final à l’humanité. Non seulement la connaissance est plus grande, mais la communication de cette connaissance est plus rapide. Personne n’échappe à ce qu’un journaliste a appelé « l’explosion de l’information ». La rapidité avec laquelle les êtres humains peuvent communiquer entre eux aujourd’hui, tout autour du globe, aurait été impensable il y a seulement quelques générations. Et toute cette haute technologie est apparue en quelques années seulement, après 6 000 ans environ de civilisations humaines !