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Daniel : une lumière à Babylone

Daniel 11 : Guerres de la terre (b)

17 Janvier 2012 , Rédigé par Daniel à Babylone Publié dans #Le livre de Daniel

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Daniel 11.16Celui qui s’avancera contre lui (contre le roi du Nord) agira à sa guise[17] ; personne ne tiendra devant lui, et il s’arrêtera dans le Pays magnifique, ayant en main la destruction.

Rome est la nouvelle puissance « qui s’avance contre » le roi du Nord. Elle met fin à l’indépendance de la Macédoine en 168 av. J.-C. Elle conquiert définitivement la Syrie en 65 av. J.-C. Pompée prive alors Antiochos XIII (69-64 av. J.-C.) de ses possessions et en fait une simple province romaine.

Rome avait passé un accord avec la Palestine, le « pays magnifique », dès 161 av. J.-C. Elle la soumit à sa juridiction en 63. Après l’entrée controversée de Pompée à Jérusalem, il y eut une terrible tuerie dans laquelle 12 000 personnes périrent[18]. La « destruction » l’accompagnait effectivement. Année après année, Rome avait gagné du pouvoir. Elle avait déjà conquis la Macédoine et la Thrace, la Syrie et la Judée, soit la totalité des provinces de l’ancien Empire d’Alexandre en jeu dans cette prophétie, sauf l’Égypte. Rome allait aussi se rendre maîtresse de l’Égypte : une femme célèbre jouerait un rôle important dans ce processus.

Daniel 11.17Il se proposera de venir avec la puissance de tout son royaume et en accord avec des dispositions légales, et il agira. On lui offrira une femme remarquable (la jeune femme des femmes ou la fille des femmes) pour la pervertir moralement, mais elle ne restera pas et elle ne sera pas en sa faveur. (Traduction libre)[19]

Cléopâtre VII (69-30 av. J.-C.), dernière reine d’Égypte, était une femme remarquablement intelligente. Son père, Ptolémée XII Aulète (80-51 av. J.-C.), avait légué le trône à sa fille Cléopâtre et à son fils Ptolémée XIII, en co-régence. Il précisa qu’il plaçait les deux enfants sous la protection romaine jusqu’à leur majorité. Le sénat romain approuva ce testament[20]. Mais les deux enfants se querellèrent bientôt pour le pouvoir. Mal influencé, Ptolémée, âgé de douze ans, chassa du royaume sa sœur et épouse, en 49 av. J.-C. La jeune femme se réfugia en Syrie et leva des troupes. Pendant ce temps, la guerre entre Jules César et Pompée faisait rage.

Mais, l’année suivante, César, victorieux, arriva à Alexandrie et somma les deux rivaux de s’expliquer devant lui afin qu’il soit juge entre eux. L’intelligente Cléopâtre se fit introduire par ruse chez César, sous forme de cadeau, roulée dans un tapis, raconte-t-on. Séduit par sa beauté autant que par son intelligence, il prit parti pour elle et demanda à Ptolémée de partager le trône avec sa sœur. Lors du siège d’Alexandrie qui suivit, Ptolémée, battu par les Romains, se noya dans le Nil en prenant la fuite[21]. César était maître de l’Égypte et Cléopâtre était son amante[22]. Il lui fit épouser son jeune frère Ptolémée l’Enfant, alors âgé de six ans[23]. Mais le cœur de la reine macédonienne n’était pas pour Rome. Après la mort de César et les troubles qui suivirent, elle s’éprit passionnément de Marc-Antoine, un de ses rivaux qui l’avait invitée à Tarse. L’irritation de sa femme, Fulvie, et les événements à Rome obligèrent Antoine à rentrer en Italie, après un hiver de fêtes en Égypte. Mais, plus tard, Cléopâtre le rejoignit en Syrie et il retourna définitivement en Égypte[24] jusqu’à l’arrivée d’Octave et la fin tragique des deux amants.

Daniel 11.18-19Il tournera ses vues vers les terres côtières[25] ; il en prendra plusieurs et un chef[26] fera cesser ses outrages sans que ses outrages retombent sur lui[27]. (Traduction libre) 19Puis il retournera vers les forteresses de son pays ; il trébuchera, il tombera, et on ne le trouvera plus.

En quittant l’Égypte, en 47 av. J.­C., César prend part à de nouvelles guerres : en Asie Mineure, où il affronte le roi du Pont, puis en Afrique et en Espagne, où il avait lutté avec succès contre les partisans de Pompée, deux ans plus tôt[28]. Il avait alors pris Marseille, après un long siège.

En 45 av. J.­C., il fait un triomphe à son entrée à Rome, la « forteresse de son pays », et reçoit de nombreux pouvoirs. Nommé dictateur à vie, il se montre grand seigneur[29]. Mais ses amis républicains, qu’il a pourtant comblés de bienfaits, craignent de le voir devenir roi ou empereur. Ils le font assassiner, dans le Sénat, en mars 44 av. J.­C. Ainsi finit un des plus brillants et puissants hommes de guerre de l’Histoire. Rien ne le laissait prévoir. « A quoi sert-il à un être humain de gagner le monde entier, s’il perd la vie ? » observera Jésus (Marc 8.36). Cependant le Ciel veillait toujours aux destinées du monde. Là-haut, on attendait avec impatience LE grand événement de l’Histoire : la naissance du Messie divin.

Daniel 11.20Quelqu’un se lèvera à sa place, qui fera passer un exacteur[30] (dans) (pendant) la splendeur du royaume ; mais en quelques jours il sera brisé, non par suite de la colère ou de la guerre.

Contrairement à Jules, Auguste, son successeur[31], était un homme de paix. Mais la paix coûte cher. Auguste est célèbre pour ses lourdes collectes d’impôts. Le décret de recensement mentionné par Luc (2.1), à l’époque de la naissance du Messie Jésus, est lié à ces mesures. Ces fonds, intelligemment gérés, firent les beaux jours et la gloire de l’Empire. La paix était souveraine, la corruption réprimée, la justice rendue. L’instruction se développait. Le Sauveur du monde n’aurait pas pu naître à une meilleure époque.

Auguste ne fut pas la proie d’un assassin. Il s’éteignit paisiblement, dans son lit, en l’an 14 de notre ère. Il avait 76 ans.

Daniel 11.21-22A sa place se lèvera un être méprisé à qui on n’aura pas donné l’honneur de la royauté : il viendra dans la tranquilité et prendra la royauté avec des paroles douceureuses[32]. 22Les forces qui débordent seront elles-mêmes débordées devant lui et elles seront brisées, et même le prince d’une alliance. (Traduction libre)

Auguste, ne jugeait pas Tibère[33] digne d’être son successeur. Il lui préférait l’amiral Agrippa, son ami d’enfance. Mais ce dernier mourut et Auguste céda à la demande de Livie, mère de Tibère et seconde épouse d’Auguste. Tibère se montra maladroit et indécis : il fit mine de refuser, alors qu’il était attendu. Le sénat dut insister pour obtenir son assentiment. Ses relations avec le sénat restèrent mauvaises, même si dans l’ensemble sa politique semble avoir été bonne.

Le début de son règne fut marqué par la répression sanglante d’une mutinerie des légions postées en Germanie et en Pannonie (Autriche-Hongrie). Ces légions représentaient alors la plus puissante concentration de troupes de l’Empire.

Méprisé, Tibère l’a été durant tout son règne, comme les rapports de l’époque, très hostiles et sans doute exagérés, nous l’indiquent. A sa mort, la plèbe aurait scandé : « Tibère, au Tibre », ce sort étant réservé aux criminels[34]. On raconte qu’il a été étouffé sous des oreillers, par des partisans de Caligula, mais ce n’est pas certain. Il avait 78 ans.

« Le prince d’une alliance[35] » brisé ici est le même que le « prince messie » de Daniel 9.25. Il est l’Oint de Yahveh : à la fois le sacrificateur et le sacrifice pour le péché. Voilà le plus grand événement de l’histoire humaine. Au chapitre 9, nous l’avons identifié avec Jésus de Nazareth, crucifié en l’an 31. Cet événement, extrêmement significatif, reste pour l’humanité un repère inamovible qui émerge de la mer des aléas et des tragédies de l’Histoire. Il confirme aussi notre interprétation de Daniel 11 jusqu’ici, car la mort de Jésus de Nazareth sous le règne de Tibère est un fait bien établi.

Des gens de toutes nationalités ont côtoyé Jésus pendant ses dernières heures. Des Grecs, la fine fleur de la civilisation et de la culture, ont demandé à le rencontrer (Jean 12.21). Des brigands, représentant les ratés de la vie, l’encadraient au Calvaire et l’un d’eux exprima du regret pour ses fautes (Luc 23.39-43). Les soldats romains, des Européens, qui assistèrent à son agonie eurent la conviction d’avoir vu mourir le « Fils de Dieu » (Matthieu 27.54). Simon de Cyrène, originaire d’Afrique du Nord, l’aida à porter sa lourde croix (Luc 23.26). Plus tard, des centaines de milliers d’habitants de ce continent deviendraient ses disciples.

A suivre :  Daniel 11 : Guerres de la terre (c)

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Notes :

[17] L’hébreu utilise ici le même terme que celui employé en 11.3 à propos d’Alexandre le Grand. Il s’agit bien d’un nouveau pouvoir, comparable à celui d’Alexandre, et non de l’un de ses successeurs en Syrie ou en Égypte.

[18] Les partisans d’Aristobule, un prétendant au trône de Judée qui n’avait pas l’approbation des Romains, s’étaient enfermés dans la forteresse du temple et Pompée dut l’assiéger pendant trois mois. Il fit aussi démolir les murailles de Jérusalem et imposa un tribut aux Juifs.

[19] Ou « avec des hommes de droit » ; hébreu : vi-yosharim ‘imo, la racine yashar signifiant « être droit, juste, légal ». Darby : « Il dirigera sa face pour venir avec les forces de tout son royaume, et des hommes droits avec lui, et il agira ; et il lui donnera la fille des femmes pour la pervertir ; mais elle ne tiendra pas, et elle ne sera pas pour lui. »

[20] Durant tout son règne, Ptolémée XII dut lutter pour garder le trône car les Romains prétendaient hériter de son royaume par le testament de Ptolémée XI. Venu plaider sa cause à Rome, il passa un accord secret avec Pompée et Jules César : moyennant 6 000 talents d'or, César, alors consul, devait faire voter une loi reconnaissant sa royauté…

[21] Ptolémée souleva d’abord l’hostilité des Égyptiens contre César et ce dernier n’eut pas de trop du testament de Ptolémée xii pour se justifier ! Ensuite Ptolémée réussit à quitter Alexandrie et assiégea César. C’est lors de ce siège que les 40 000 volumes de la célèbre bibliothèque partirent en fumée.

[22] Le fils qui naîtra de cette union sera mis à mort sur l’ordre d’Octave.

[23] Elle le fera empoisonner quand il atteindra quatorze ans, soit la majorité, en 44 av. J.-C., l’année de la mort de César.

[24] Cléopâtre sera déclarée « reine des rois » aux cours du triomphe illégal de Marc-Antoine à Alexandrie, en 34 av. J.-C.

[25] « Terres côtières » correspond à l’hébreu ‘iyyim : «côtes, îles, rivages, régions, terre ferme». La Bible Colbo traduit : « provinces maritimes ». « Il tournera ses vues » est conjugué à l’inaccompli (récit), « prendra » et « fera cesser » à l’accompli (conséquence), d’où notre ponctuation.

[26] En hébreu, qatsiyn, « chef, souverain, commandant, dictateur » ; vient d’une racine signifiant « couper, découper » (un territoire) ; également dans le sens de « détruire » (Habakuk 2.10).

[27] Traduction incertaine, l’hébreu étant difficile. Les deux textes les plus proches de ce passage sont Osée 12.14 et Néhémie 4.4. « Outrages » correspond à l’hébreu cherpah : « reproche, mépris, honte, opprobre, insulte ».

[28] Certains ont vu dans la fin du verset 18 une allusion à la querelle antérieure entre Pompée et César, mais l’application exacte reste incertaine.

[29] Il pardonne à ses ennemis, embellit Rome, relève Carthage et Corinthe et fait creuser un port à l’embouchure du Tibre.

[30] En hébreu noguesh, « celui qui presse » : oppresseur, inspecteur, seigneur. La LXX utilise le mot grec prassôn : celui qui demande, exige ou fait payer.

[31] Anciennement Octave, le rival de Marc-Antoine (mentionné plus haut). Né en 63 av. J.-C. et mort en 14 ap. J.-C., le 19 août, à Nole, en Campanie.

[32] En hébreu chalaqlaqqah : « flatteries, promesses mielleuses, terrain glissant. » La racine chalaq signifie : « diviser, partager » ou « être lisse, glissant ».

[33] 14-37 ap. J.-C. Jésus de Nazareth fut crucifié sous son règne.

[34] Les Romains avaient en effet l’habitude d’incinérer les corps.

[35] Le même terme hébreu pour « prince », nagid, est employé en 9.25. Il peut aussi se traduire par « chef, capitaine, intendant ». La racine nagad signifie : « mettre en évidence, raconter, déclarer, faire connaître, annoncer, publier, confesser. » Dans les évangiles, Jésus a décrit de plusieurs façons son alliance, surtout à l’occasion de la pâque (voir Matthieu 26, Marc 14 et Luc 22).

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