Vous le remarquerez : le terme « Yahveh » est fréquemment utilisé sur ce blog et dans le commentaire sur Daniel qui s'y constitue. Il s'agit d'un simple vocable de substitution pour désigner le Tout-Puissant, comme « Adonaï » dans la lecture traditionnelle de la Bible en hébreu. Le terme Yahveh ne prétend pas restituer la prononciation du tétragramme, perdue depuis longtemps. Mais, mieux que le nom commun « Dieu » ou ‘Elohim — évoquant la divinité en général — « Yahveh » permet ici d’identifier avec précision le Dieu « d’Abraham d’Isaac et de Jacob » et de tous ceux qui ont la même foi. C’est peut-être superflu pour le peuple juif, qui ne reconnaît, théoriquement, pas d’autre Autorité. Mais pour les « nations » (goyim) cette personnalisation de Dieu n’est vraiment pas un luxe. Les prophètes, Ésaïe en particulier, ont clairement affirmé le désir de Dieu d’intégrer nombre de goyim à son peuple. Dieu s’est engagé à soutenir la descendance d’Abraham. Tous ceux qui font confiance aux promesses de Dieu sont inclus dans cette alliance.

Nommer Dieu présente l’avantage d’établir une relation personnelle avec lui. Très tôt dans l’histoire humaine, les croyants ont commencé à « invoquer » (hébreu qarah) Yahveh. Certes après la déportation à Babylone et parallèlement à l’hellénisation d’une partie du judaïsme (Alexandrie), on a pris l’habitude de ne plus prononcer le Nom. Le Dieu Créateur et personnel s’était pourtant présenté lui-même sous ce nom : Yahveh (ou Yohvah, autre prononciation possible).

Il est beau de vouloir respecter la sainteté du Tout-puissant. Il est compréhensible également de vouloir respecter les indications des massorètes qui ont fixé la vocalisation du texte hébreu (du VIIe au XIe siècle de notre ère). Ces derniers ont placé les voyelles d’Adonaï sous le tétragramme sacré, rappelant ainsi de ne pas prononcer le tétragramme et de dire « Adonaï » à la place, lors de la lecture du texte sacré. Cela a induit en erreur certains croyants peu informés qui ont soutenu que le texte hébreu indiquait Jehovah comme prononciation, alors qu’ils s’agit plus probablement d’une simple translittération anglo-saxonne. Les voyelles placées sous le tétragramme, ajoutées tardivement, sont donc un simple moyen mnémotechnique.

 

Aujourd’hui nous vivons à l’époque troublée que Daniel appelle « les temps de la fin ». Il serait dommage de se priver « d’interpeller » le Tout-Puissant directement par le nom qu’il a fourni pour cela. Nous avons tellement besoin de la présence de son Esprit. Tous les grands hommes de la Bible l’ont appelé par son nom, à commencer par Abraham. Le nom propre de Dieu, en hébreu, apparaît plus de 5 500 fois dans la Bible, notamment dans les Psaumes. Le nom de Dieu peut donc être prononcé et même chanté ! Le problème est celui du mélange du sacré et du profane, qui a déjà coûté si cher aux Hébreux d’autrefois (voir par exemple la tragédie des fils d’Aaron dans le Vayikrah). Cependant tout ce qui touche à Dieu est sacré ou mis à part, pas seulement son nom.

Dieu est une personne et il aime être considéré par nous comme tel. Notre confiance en Dieu, en tant que Père, nous autorise à vocaliser son nom, particulièrement quand nous avons besoin de son secours. Nous l’offenserions davantage en faisant appel à d’autres appuis, humains ou surnaturels, qu’en l’appelant par son nom quand nous avons besoin de lui. Dieu s’est révélé par l’intermédiaire du Messie, un homme, une personne. Dieu nous a créés à son image, et si nous respectons Dieu en tant que personne, nous respecterons son nom quand nous le prononçons et nous respecterons aussi les autres, en tant que personne, même s’ils ne partagent pas nos convictions !