Trouver sa place dans le sanctuaire

« Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte », annonçait l’Éternel aux Hébreux dans le désert du Sinaï. Exode 19.6. Le terme hébreu employé, qadosh, signifie saint, séparé, à part. Le mot dérivé miqdash, sanctuaire, lieu saint, désigne l’endroit où cette séparation a lieu, là où une rencontre entre le Créateur et ses créatures peut se dérouler, sans dommages pour ces dernières. « Ils me feront un sanctuaire, dit-il, et j’habiterai au milieu d’eux.» Exode 25.8. Ce n’est pas le bâtiment en soi qui est important mais c’est la rencontre entre Dieu et le croyant, entre le Ciel et la Terre. Dieu veut être avec nous comme il est avec les anges dans le Ciel !

Tout lieu où l’Éternel se révèle devient sacré par la présence même de la Divinité, que ce soit le Père, le Fils ou l’Esprit. Déjà dans le jardin d’Eden, la mise à part du septième jour a fait du shabbat un « lieu » saint. Le premier sanctuaire n’est donc pas un endroit mais un moment : le temps des retrouvailles.

Lorsque Jacob se réveille après le songe de l’échelle, il s’exclame, étonné : « Certainement, l’Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas ! Que ce lieu est redoutable ! C’est ici la maison de Dieu [beth-el en hébreu], c’est ici la porte des cieux ! » Genèse 28.16-17. La pierre qui avait servi à Jacob d’oreiller deviendra le sanctuaire hébreu de Béthel.

Quand l’Éternel se montre à Moïse dans le buisson ardent, il ordonne : « Ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte [un sanctuaire]. » Exode 3.5. « Dieu est là, Moïse ! Tout peut changer pour toi et pour les tiens ! » Josué fera la même expérience en face de Jéricho. Josué 5.15.

Plus tard, sur ce même mont Horeb, Moïse rencontre à nouveau Dieu face à face. Cette fois, toute la montagne du Sinaï devient un sanctuaire. Le peuple entend la voix du Tout-Puissant en direct !  Il est terrorisé, car Dieu est trop saint pour lui. Pour rencontrer le Saint, il faut apprendre à renoncer à son idolâtrie. Alors YOHEVAH fait construire un sanctuaire symbolique, pédagogique, avec des rituels, des modes d’emploi… On est loin de la rencontre passionnée dont la Divinité rêvait ! Mais le désir de rencontre est encore là, du côté du Ciel tout au moins.

Enfin, après bien des siècles et des péripéties, la « tente de la rencontre » (Exode 27.21) est devenue un temple majestueux qui peut rivaliser avec les plus belles constructions des autres nations. Mais bien rares sont les hommes qui y rencontrent encore la Divinité ! Alors l’Éternel dévoile son plan suprême pour nous rencontrer : la Parole est faite chair et elle vient « habiter [en grec : planter sa tente] parmi nous, pleine de grâce et de vérité ». Nous contemplons sa gloire. Jean 1.14.

Comme Jacob autrefois, nous voyons le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme. Jean 1.51. Comme Jacob, nous pouvons entendre Dieu nous dire : « Je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras, je te ramènerai, je ne t’abandonnerai pas. » Genèse 28.15. Croyons-nous Dieu quand il parle ? Si oui, le Messie figuré par le sanctuaire hébreu devient pour nous le Sanctuaire par excellence, le lieu parfait et durable de la rencontre entre l’humanité et la divinité. C’est là que le Fils éternel devient magnifique pour nous. Ésaïe 33.21.

Quand Jésus, agenouillé sur les rives du Jourdain (Luc 3.21), supplie le Ciel d’accepter en lui l’humanité, « les anges n’ont jamais entendu une telle prière1 ». Le Fils de Dieu et de l’homme est animé d’un puissant désir de réunir en lui l’humanité et la divinité, dans le temple de son corps. A cette vue, le Père est bouleversé car il reconnaît là son propre désir d’habiter avec nous. Alors, au lieu d’envoyer un ange, il prend lui-même la parole : « Tu es mon Fils bien aimé ! » s’exclame-t-il. Luc 3.22.

Ellen White commente : « La parole dite à Jésus au Jourdain : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, objet de mon affection”, embrasse l’humanité tout entière. Dieu parle alors à Jésus en tant que notre représentant. Malgré tous nos péchés et nos faiblesses, nous ne sommes pas rejetés comme des êtres sans valeur. Sa grâce magnifique nous a été “accordée en son bien-aimé” [Éphésiens 1.6]. La gloire qui enveloppe le Christ est un gage de l’amour que Dieu a pour nous. Elle atteste la puissance de la prière ; elle montre comment la voix humaine peut atteindre l’oreille de Dieu, comment nos supplications sont accueillies dans les parvis célestes. A cause du péché, la terre a été séparée du ciel, elle est devenue étrangère à sa communion ; mais Jésus a rétabli la liaison avec la sphère de la gloire. Son amour a enveloppé l’homme et atteint les plus hauts cieux. La lumière qui, à travers les portiques, descend sur la tête du Sauveur, descendra aussi sur nous si, par la prière, nous demandons le secours nécessaire pour résister à la tentation. La voix qu’entend Jésus répétera à toute âme croyante : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, objet de mon affection.” […] Notre Rédempteur a ouvert la voie par laquelle pourront trouver accès auprès du Père les plus grands pécheurs, les plus nécessiteux, les plus oppressés, les plus méprisés. Tous peuvent avoir une place dans les demeures que Jésus est allé nous préparer. “Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et personne ne fermera, celui qui ferme et personne n’ouvrira : [...] J’ai mis devant toi une porte ouverte que nul ne peut fermer.” [Apocalypse 3.7-8] »

Notez ici comment Ellen White associe le Rédempteur au sanctuaire céleste et à ses différentes « portes », en se référant à la lettre de Jésus à l’Église de Philadelphie. Par son Fils, Dieu veut entrer chez nous. D’abord en nous-mêmes, dans le temple de notre corps et de notre âme, par le Saint-Esprit. 1 Corinthiens 6.19. Ensuite dans l’assemblée des croyants, sur la Terre. 1 Corinthiens 3.16. Car partout où deux ou trois sont assemblés en son nom, le grand « Je suis » est au milieu d’eux. Enfin Dieu espère vivement habiter avec nous au Ciel, en compagnie des êtres célestes. Apocalypse 11.19 ; 21.3. Hâtons donc avec enthousiasme cette merveilleuse réunion ! Faisons-lui un sanctuaire pour qu’il habite au milieu de nous, dès maintenant. Alors les sanctuaires, terrestre et céleste, seront purifiés.                 Gabriel Stauber

1. Ellen White, Jésus-Christ, chapitre 11, « Le baptême ».

Article publié initialement dans Jésus, Reviens ! journal bimestriel de l'association Sentinelle des temps. Reproduit avec autorisation. 
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