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Daniel : une lumière à Babylone

Substitution, mais aussi pénalité : La croix, ce n’est pas que de l’amour !

9 Avril 2024 , Rédigé par Misha Publié dans #Réflexions

Comment Dieu peut-il condamner à mort un innocent, Jésus, pour sauver des coupables ? Comment un Dieu qui réclame du sang pour apaiser sa colère peut-il se dire miséricordieux en même temps ? Dieu ne peut pas agir contre ses principes sans se renier lui-même. Il a donc bien fallu que, sur la croix, Jésus perde son innocence pour devenir le substitut des coupables.

La contradiction entre la mort d’un innocent et la bonté divine a été souvent pointée du doigt par les juifs et les musulmans. Aussi, dès le Moyen-Âge, les chrétiens ont tenté de justifier le sens de la croix. Des théologiens catholiques puis anglicans ont proposé différentes théories. Parmi elles, la théorie de l’influence morale s’impose aujourd’hui parmi le christianisme.

Selon cette théorie, le sacrifice du Christ n’est pas indispensable, la justice divine n’en pas besoin. La mort cruelle de Jésus était seulement une démonstration de l’amour de Dieu pour l’homme, destinée à adoucir le cœur du pécheur et le pousser au repentir. L’homme est malade spirituellement et il a besoin de se sentir aimé par Dieu pour guérir et accepter le pardon.

Ainsi la théorie de l’influence morale met l’accent sur la réaction de l’individu en face de l’amour de Dieu. Le pécheur a l’impression que c’est son amour pour Jésus qui lui vaut le pardon. L’être humain devient le centre de l’attention et il participe à l’élaboration de son salut. La réponse de l’homme devient subtilement plus importante que le sacrifice lui-même. Cette théorie fait du salut subjectif, personnel, le point de départ de la Rédemption, alors que le salut est d’abord une réalité objective, avant d’entrer dans notre expérience individuelle1. C’est la foi de Jésus qui nous a sauvés à la croix, ce n’est pas notre foi !

Ainsi la théorie de l’influence morale fait la part belle à l’homme plutôt qu’à l’héroïsme de Jésus-Christ. Admettre que nous n’avons rien fait pour avoir été sauvés en Christ est difficile pour notre nature déchue. Le croyant veut apporter à Dieu ce qu’il a de « meilleur ». Mais qui l’a attiré au pied de la croix, avant qu’il n’en éprouve le désir ? Qui lui a insufflé la force et la volonté de répondre à l’amour ? Toute gloire en revient à Dieu2.

Il est vrai que l’amour divin manifesté dans le Fils nous pousse au repentir, au changement de comportement. Il est vrai que le sacrifice du Christ est l’expression ultime de l’attachement de Dieu à l’humanité. Mais, si Dieu a autant souffert en Jésus-Christ seulement pour attendrir notre cœur, il est soit le pire des bourreaux soit le plus grand masochiste de l’univers ! Ce n’est pas en laissant torturer un innocent sous nos yeux que Dieu va nous convaincre de sa bonté. Dans l’incarnation du Fils, la Divinité s’est déchirée d’une partie d’elle-même. Si Dieu a connu la mort pour nous, ce n’est pas seulement pour nous persuader de son amour, c’est aussi pour que les pécheurs subissent en Lui la peine qu’ils méritent.

La justice divine exclut à jamais tout péché et tout pécheur de l’univers. Apocalypse 21.27. L’humanité est condamnée à la mort éternelle, depuis l’Eden, à cause de sa révolte contre l’Amour. Éphésiens 2.1. En niant la nécessité de la mort du Christ, la théorie de l’influence morale prive donc l’humanité d’un véritable sacrifice pour ses péchés. De plus, si l’humanité est dispensée de purger sa peine, la loi du Ciel devient une simple option, comme le voulait Lucifer. Cette théorie nie donc à la fois notre véritable condition spirituelle, la réalité tragique du péché et de sa pénalité et la validité éternelle des lois divines.

De nos jours, le péché est présenté comme un problème moral, qui relèverait du psychisme seul. Mais le péché nous sépare de Dieu et de toute vie possible. Le mal est hostile à Dieu et à tout bien véritable. Les mots hébreux pour désigner le péché sont éloquents : hattah, manquement, ‘avon, déviation, pesha, révolte, resha, méchanceté, asham, infidélité…

Les Hébreux connaissaient l’exigence de l’expiation. Une vie devait être livrée à la mort, pour protéger une autre vie. Dieu est le propriétaire de la vie. Le sang c’est la vie : c’est pourquoi le sang faisait l’expiation. Lévitique 17.11. Le plus souvent, la vie d’un animal était sacrifiée, parfois celle d’un être humain. Nombres 25.11-13. Une réparation était faite, non pour satisfaire un Dieu sanguinaire mais pour rendre justice. Dieu est amour, mais il est juste : sa justice doit s’appliquer, comme l’avait compris Martin Luther. C’est le coupable qui doit mourir en Christ.

Plusieurs adventistes pensent que la mort de Jésus n’était pas indispensable et qu’un sacrifice d’expiation ne sert qu’à satisfaire un dieu païen exigeant. Pourtant Dieu a voulu que les Hébreux comprennent l’expiation par le moyen des sacrifices d’animaux. Les dieux païens exigeaient que du sang soit versé, mais le Dieu unique des Hébreux, lui, allait offrir sa propre vie !

Puisque la mort du Fils de Dieu est un fait incontestable bibliquement, Satan a agi pour en modifier le sens. Ses attaques sapent le plan de la rédemption et faussent la justification par la foi. A ce sujet, Ellen White écrivait : « Quand la lumière commence à briller et à faire comprendre clairement le plan de la rédemption, l’ennemi s’empresse en toute diligence de faire en sorte que le cœur des hommes soit privé de lumière3. » C’est un sujet complexe ; il faut être prudent et nuancé dans ses propos, mais il faut aussi rester vigilant.

Il y a bien eu substitution à la croix, mais pas n’importe laquelle. Ce n’est pas seulement un échange de personnes. Jésus-Christ a alors assumé totalement la nature humaine pécheresse. Les pécheurs et le péché étaient en lui. Il s’est retrouvé impliqué dans notre tragédie. La Bible ne connaît que ce type de substitution. Nous en parlerons dans le prochain numéro.  — Christophe Michel

Retrouvez et prolongez cette réflexion avec « Les différentes théologies qui minimisent le sacrifice de Jésus », sur la chaîne YouTube « Sentinelle des temps » (audio).

1. Voir Jack SEQUEIRA, « La Certitude du salut », dans Jésus Revient, vol. 2, n° 1, p. 4.

2. Sur la place de la foi et du repentir, voir Ellen WHITE, Manuscrit 36, 1890, § 21 et 22, dans Jésus Revient, vol. 1, n° 2, p. 6-7.

3. Ellen WHITE, Messages Choisis, vol. 1, p. 422.

Article publié initialement dans Jésus, Reviens ! journal bimestriel de l'association Sentinelle des temps. Reproduit avec autorisation. 
Retrouvez tous les sommaires de Jésus, Reviens ! dans la Trousse de secours pour les temps de la fin, ou en contactant directement l'association.

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