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Daniel : une lumière à Babylone

L’humanité du Sauveur de l’humanité

5 Juillet 2023 , Rédigé par Misha Publié dans #Le Messie

La question clé qui taraude l’Église chrétienne depuis les premiers siècles interroge aussi l’Église adventiste. Si la pleine divinité de Jésus-Christ est généralement bien admise, la pleine humanité du Messie l’est avec plus de nuances. Mais, pour bien saisir cette réalité, il faut l’aborder sous un angle pratique : celui de la Rédemption.

« Puisque ces enfants ont en commun le sang et la chair, lui aussi, pareillement, a partagé la même condition, pour réduire à rien, par sa mort, celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, 15et délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient retenus dans l’esclavage toute leur vie. 16Assurément, en effet, ce n’est pas à des anges qu’il vient en aide, mais c’est à la descendance d’Abraham qu’il vient en aide. 17Aussi devait-il devenir en tout semblable à ses frères, afin d’être un grand prêtre compatissant et digne de confiance dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple. 18Car du fait qu’il a souffert lui–même quand il a été mis à l’épreuve, il peut secourir ceux qui sont mis à l’épreuve. » Hébreux 2.14-18, NBS.

Après la mort des apôtres, la direction de l’Église primitive est passée aux mains des « Pères de l’Église ». Or la plupart d’entre eux étaient des théologiens de culture grecque, de haut niveau intellectuel. Au moins quatre d’entre eux, dont St Clément (150-212) et Origène (185-255), ont vécu en Egypte, à Alexandrie, où des courants de pensées mystiques et gnostiques1 se sont fait sentir très tôt, d’abord en dehors puis au sein même du christianisme. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que l’une des premières grandes discussions de l’histoire de l’Église ait porté sur la nature divine et humaine du Christ.

Comment une seule personne peut être à la fois Dieu et homme, se demandait-on ? Certains défendaient sa divinité, d’autres son humanité. Il a fallu deux conciles importants, à Nicée (v. 320) et à Calcédoine (v. 450), pour que l’Église reconnaisse l’unité de la personne du Christ malgré sa dualité de nature : un personne unique, mais pleinement Dieu et pleinement homme en même temps. Ce fait a été qualifié de mystère, inexplicable, mais véridique d’après la Bible.

Cette décision des conciles a été généralement bien reçue, mais un nouvelle question a surgi concernant la nature humaine du Christ. Était-elle semblable à celle d’Adam avant la chute ou atteinte par le péché, comme la nôtre ? Pendant les cinq premiers siècles, les Pères de l’Église ont enseigné que le Christ ne pouvait racheter l’humanité sans assumer totalement l’humanité ; aussi son humanité avait dû être semblable à la nôtre, celle qui avait besoin de rédemption. Malheureusement, ce point de vue n’est plus défendu aujourd’hui.

Pourquoi le christianisme actuel adopte-t-il le point de vue opposé, celui d’une nature humaine semblable à celle d’Adam avant la chute ? Dès le IVe siècle, des théologiens ont cherché dans leurs écrits à protéger la vierge Marie de la souillure du péché originel, afin qu’elle puisse enfanter le Fils de Dieu. Dans la suite de l’histoire de l’Église, cette question a été débattue, notamment au Moyen-Age ; pourtant l’idée d’une immaculée conception de Marie est restée très présente dans l’enseignement de l’Église catholique romaine, jusqu’à la promulgation du dogme en 1854. Même si le protestantisme ne souscrit pas au dogme de l’immaculée conception de Marie, il accepte le résultat de cet enseignement hétérodoxe sur la nature du Christ, à savoir que Jésus serait né dans une nature immaculée — au moins sur le plan spirituel — une nature semblable à celle d’Adam avant la chute. C’est le point de vue des Églises protestantes, depuis les Réformateurs jusqu’à aujourd’hui.

Cependant les pionniers de l’Église adventiste ont exprimé un point de vue différent. Même si notre Église n’a jamais pris position officiellement, la plupart de nos publications — livres, manuels de l’École du sabbat, etc. — ont présenté le point de vue opposé, celui du Christ dans une nature humaine postérieure à la chute. Cette position se constate jusque dans les années 1960, quand nous avons changé de position en faveur d’une nature humaine antérieure à la chute, dans le but d’être reconnus par les Églises évangéliques [américaines].

Ce changement a provoqué la grande controverse qui fait rage aujourd’hui chez nous sur la nature humaine du Christ. Malheureusement la plupart des arguments sont discutés dans le cadre de l’expérience chrétienne, et non dans le cadre de l’Évangile2. La majorité des partisans d’une nature humaine postérieure à la chute se recrutent parmi les ministères indépendants ; cette position leur sert à défendre la possibilité d’une vie sans péché. Pour eux, le Christ a assumé notre nature pécheresse afin d’être notre exemple. Le légalisme ou le perfectionnisme en résultent. Il n’est alors pas étonnant que ceux qui maintiennent la justification par la foi seule aient de bonnes raisons de prendre parti pour une nature humaine antérieure à la chute.

Mais pour arriver à une compréhension correcte de la nature humaine du Christ, il nous faut l’étudier dans le contexte de l’évangile. Tout le long du Nouveau Testament, les auteurs insistent sur cet aspect. L’Écriture enseigne en effet que le Christ est devenu un homme dans le seul but d’être le Sauveur du monde. La Bible fait de lui un exemple, certes, mais uniquement pour ceux qui l’ont déjà reconnu comme leur Sauveur personnel.

Dans le Nouveau Testament, la nature humaine du Christ est présentée dans le cadre de trois vérités de base :

— l’évangile est la naissance, la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ ;

— l’évangile rachète les pécheurs de tous les aspects du problème du péché ;

— toute expérience chrétienne doit se fonder sur l’œuvre complète du Christ.

Toute discussion sur la nature humaine du Christ en dehors de ces trois faits fondamentaux de l’Écriture ne produira que des résultats inutiles et insignifiants.

A. L’évangile : la vie, la mort, la résurrection du Christ

La naissance du Christ joue un rôle important dans notre salut car ce fait l’a qualifié pour être notre substitut et notre représentant3. Par cette naissance, Dieu a uni la divinité du Christ à notre nature humaine, celle qui avait besoin de rédemption. Ainsi le Christ est devenu un avec nous afin de pouvoir réécrire notre histoire, changer notre statut et notre sort : faire passer l’humanité de la condamnation à mort héritée d’Adam à la justification et la vie. Lire Romains 5.18 ; 1 Corinthiens 15.21-22.

La vie du Christ est importante pour notre salut car il a vécu une vie parfaite au nom de l’humanité, répondant ainsi aux exigences incontestables de la loi. La loi stipule que quiconque obéit parfaitement à ses ordonnances vivra par elles (Lévitique 18.5 ; Galates 3.12). Or nous avons tous failli dans ce domaine. Mais, là où nous avons échoué, Christ a réussi, dans notre nature humaine qu’il a adoptée dès sa naissance. Lire Jean 3.17 ; Galates 4.4-5 ; Hébreux 10.5-10.

La mort du Christ est importante parce que cette mort a racheté l’humanité déchue de la malédiction de la loi. La même loi qui dit « si tu obéis, tu vis » dit aussi « si tu désobéis, tu meurs ». Puisque nous avons tous péché et manqué de répondre aux critères de la loi de Dieu (Romains 3.23), la vie parfaite du Christ ne suffit pas à nous sauver de la mort. Pour nous racheter complètement, le Christ a dû aussi passer par la mort sur la croix afin de répondre aux justes exigences de la loi. Lire 1 Pierre 1.18-19 ; 2.24 ; 3.18.

La résurrection du Christ joue un rôle vital dans notre salut car c’est dans la résurrection que Dieu a donné à l’humanité la vie éternelle de son Fils en échange de notre vie, condamnée à mort et qui a pris fin à la croix. Cette vie nouvelle donne la possibilité à tous ceux qui croient en Christ de passer de la mort à la vie. C’est la bonne nouvelle de l’évangile. Lire Jean 5.24 ; 2 Corinthiens 5.14, 17 ; 1 Pierre 1.3.

B. L’évangile nous sauve de tous les aspects du péché

L’Écriture aborde le problème du péché sous trois angles différents. D’abord, le péché est une transgression de la loi, qui engendre une malédiction. Puisque tous ont péché, la culpabilité et la peine capitale qui résultent de la transgression reposent sur tous. Mais, grâce à Dieu, le Christ nous a rachetés de cette malédiction de la loi en devenant malédiction pour nous, en notre faveur. Lire Galates 3.10, 13.

Ensuite le péché est aussi une force, un principe, une loi qui exerce une emprise sur nous. A cause de la faute d’Adam, l’humanité est vendue au péché et esclave du péché. Nous en prenons pleinement conscience après notre conversion, quand nous essayons de vivre saintement avec nos propres forces. Le Christ est venu aussi pour nous sortir de cette situation difficile, de la puissance asservissante du mal. C’est pour cela qu’il a dû assumer notre nature pécheresse afin d’être pour nous un Sauveur parfait. Lire Romains 3.9 ; 7.14, 24-25 ; 8.2-4.

Enfin, le péché est une part même de notre nature. Pour nous délivrer de la nature même et de la présence du péché, il a dû nous arracher littéralement à ce monde corrompu (Galates 1.4) et nous faire asseoir dans les lieux célestes en lui. C’est le résultat de sa résurrection et de son ascension. Lire Éphésiens 2.3-6 ; Philippiens 3.20-21.

C. L’expérience chrétienne se fonde sur l’œuvre du Christ

Pour chaque expérience personnelle, le croyant doit s’appuyer sur ce que le Christ a déjà accompli pour l’humanité déchue il y a 2 000 ans. Nous trouvons la paix et l’assurance du salut dans la justification par la foi ; nous vivons une vie sainte, victorieuse sur la chair, au travers de la sanctification par la foi ; à la seconde venue du Christ, nous verrons la rédemption de notre corps, lors de la glorification. Mais ces trois expériences reposent sur le fait que le Christ les a déjà obtenues pour nous en lui. Le Saint Esprit n’ajoute rien à cela, mais il le réalise dans notre vécu individuel. Lire 1 Corinthiens 3.11 ; Éphésiens 2.10.

Or il n’y avait qu’un moyen pour que le Christ puisse réussir ces trois expériences : il fallait qu’il assume la même nature humaine que celle avec laquelle nous sommes nés, celle qui a besoin de rédemption. Voilà le message du Nouveau Testament. Le Christ a été fait ce que nous sommes pour que nous puissions devenir en Lui ce qu’il est. Lire 2 Corinthiens 5.21 ; Hébreux 2.14-18.                — Jack Sequeira

1. Le gnosticisme païen enseignait l’auto-rédemption de l’homme par une « illumination ». Les gnostiques « chrétiens » niaient la venue de Dieu dans la chair. Pour eux, le Christ était seulement un esprit ou un être angélique, incapable de mourir sur une croix.

2. Sur la comparaison entre la réalité objective de l’évangile et le vécu personnel de l’évangile, voir l’étude de Jack Sequeira dans Jésus Revient [1re année] n° 2.

3. Sur la notion de substitut, voir l’étude précédente dans Jésus Revient [1re année] n° 4.

Article publié initialement dans Jésus, Reviens ! journal bimestriel de l'association Sentinelle des temps. Reproduit avec autorisation. 
Retrouvez tous les sommaires de Jésus, Reviens ! dans la Trousse de secours pour les temps de la fin, ou en contactant directement l'association.

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