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Daniel : une lumière à Babylone

Marcher l’agapé au cœur : la lumière de 1888

8 Décembre 2023 , Rédigé par Misha Publié dans #Réflexions

Il y a 131 ans déjà, à Minneapolis, les pasteurs de l’Église adventiste ont eu malgré eux le privilège de bénéficier d’un éclairage évangélique puissant sur la loi de Dieu. L’amour du Père et du Fils pour l’humanité a brillé alors et dans les années suivantes avec un éclat nouveau. Cet agapé incomparable va-t-il enfin faire chanter notre cœur et celui des assemblées adventistes à l’unisson avec le Saint-Esprit ? Quelques pistes pour retrouver le premier amour.

« Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour, et les fleuves ne le submergeraient pas. Quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l’amour, il ne s’attirerait que du mépris. » Cantique 8.7. Ce texte nous parle d’un amour divin, invincible. « Dieu est amour [agapè1]. » 1 Jean 4.7-8. Si cet amour se définit par le Dieu de l’univers, alors qui peut le faire disparaître ? Personne. Même le diable, en Éden, n’a pas réussi à éliminer cet amour.

Dans 1 Corinthiens 13, Paul présente l’amour impérissable tel qu’il se vit chez l’enfant de Dieu. Cependant Jésus semble le contredire : « Parce que l’iniquité sera multipliée, l’amour [agapè] de plusieurs se refroidira. » Matthieu 24.12. Voilà l’agapé qui décline ! Essayons de comprendre. Si on ne peut pas éteindre l’amour, pourquoi Jésus annonce-t-il que l’agapé de plusieurs se refroidira ? Agapé peut-il se refroidir ?

Après la mort et la résurrection du Christ, ses disciples brûlaient d’amour pour lui et de nombreuses personnes furent ajoutées à l’Église grâce à cet agapé de Jésus qui vibrait dans leurs cœurs. Mais, au fur et à mesure que la communauté grandissait, cet amour a commencé à faiblir. Vers la fin du premier siècle, Jésus adresse ce reproche à l’Église chrétienne primitive : « Ce que j’ai contre toi, c’est que tu as perdu ton premier amour [agapè]. » Apocalypse 2.4. Pour Ellen White, cette évolution indique « une déchéance morale », « quelque chose qui affecte toute l’expérience religieuse »2.

Voilà le problème. Des croyants qui ont apprécié et reçu l’amour de Dieu dans leur cœur peuvent perdre cette flamme. Ce n’est pas l’amour de Dieu lui-même qui pose problème, car il ne s’éteint jamais. Le problème se situe dans le récepteur humain, en vous et en moi. Cependant le Dieu qui dit : « que la lumière resplendisse au milieu des ténèbres », est aussi celui qui resplendit dans nos cœurs, « pour faire briller la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Jésus-Christ. » 2 Corinthiens 4.6. Voilà de quoi est capable ce Dieu qui est amour. Il a créé le monde du sein des ténèbres. Il a parlé et a dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu peut faire sortir la lumière des ténèbres3 ! De même, Dieu peut faire briller la lumière dans notre esprit embrouillé et dans notre cœur obscurci par le péché.

La gloire de Dieu s’introduit dans nos cœurs ; l’amour divin se déverse dans nos êtres assombris par le mal. « Mais, ajoute Paul, nous portons ce trésor dans des vases de terre, pour que cette puissance supérieure soit celle de Dieu et non la nôtre. » 2 Corinthiens 4.7, NBS. Les vases de terre que nous sommes peuvent perdre cet amour ou le laisser s’étioler. Si vous mettez de l’huile dans un vase puis que vous y versez de l’eau, l’huile remonte à la surface. Si vous continuez, l’huile finit par déborder et sortir du vase.

« Sommes-nous morts au monde et vivants pour Jésus-Christ ? s’interroge Ellen White. Cherchons-nous les choses d’en-haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu4 ? » Posons-nous la question car de nombreux chrétiens ont perdu de vue le véritable agapé de Dieu. « Il nous appartient, continue Ellen White, de découvrir ces défaillances et ces péchés personnels qui nous aveuglent, nous affaiblissent spirituellement et éteignent notre premier amour5. »

Jésus priait : « Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi. » Dans quel but Jésus nous veut-il près de lui ? « Afin qu’ils contemplent ma gloire, dit-il, la gloire que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la création du monde. » Jean 17.24, Segond 21. La gloire qui reliait le Père et le Fils, c’est aussi une histoire d’amour. Jésus a insisté pour que ses auditeurs comprennent à quel point il était aimé de son Père : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux. » Jean 17.26.

On parle beaucoup de la mission de l’Église et notamment de l’évangélisation. Mais la mission de Jésus-Christ est aussi de régénérer le cœur humain par l’amour agapé, celui qui règne de toute éternité entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Si nous sommes de nouvelles personnes en Christ, alors nous devons d’abord faire l’expérience de l’amour agapé, qui unit le Père et le Fils. Il y avait entre eux deux, avant l’incarnation, une relation d’une intensité que l’humanité a de la peine à imaginer. Or Jésus est descendu et il a supplié son Père avec ferveur pour que les croyants comprennent la nécessité de connaître la gloire de Dieu, l’amour qui relie les trois personnes de la famille divine.

Nos cœurs de pécheurs ne possèdent pas d’amour de ce genre, parce que le péché est de l’égoïsme. Le seul amour que nous connaissons est un sentiment ou une sensation, qui dépend des circonstances. Notre amour reste centré sur nous-mêmes. Nous voulons être aimés et nous faisons tout pour cela. Si nous avons été aimés, alors nous pourrons aimer en retour. Mais, où que nous regardions aujourd’hui, nous voyons disputes, querelles, divorces, séparations, bien plus, conflits, attaques, méchancetés, abus d’autorité. L’amour égocentrique règne. Mais le véritable amour, qui brille sur la face de Jésus-Christ, est totalement différent. Passons du temps à contempler cet agapé, non pas béatement mais activement !

Les Juifs de l’époque de Jérémie étaient dépourvus de l’amour de Dieu et ils adoraient d’autres dieux. Mais Dieu les aimait et voulait les aider. Alors Jérémie leur a transmis cette révélation bouleversante (c’est le Fils de Dieu qui parle) : « Il y a longtemps que le Seigneur s’est fait voir à moi ; alors, d’une affection durable, je t’ai aimée. C’est pourquoi je t’ai tirée à moi par chérissement. » Jérémie 31.3, d’après Lemaistre de Sacy, Chouraqui et le texte hébreu. Cf. Ésaïe 54.8.

Jésus s’attribue cette prophétie lorsqu’il prédit : « Quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. » Jean 12.32. Paul va dans le même sens : « Lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils. » Romains 5.10. Dieu a livré son Fils à la mort pour sauver ses ennemis ! Voilà l’agapé. « Jésus voudrait que nous comprenions l’amour du Père, plaide Ellen White, et il cherche à nous attirer au Père en nous présentant sa tendre sollicitude parentale. Il voudrait que la perfection du caractère de Dieu remplisse tout notre champ de vision6. »

Le conseil céleste a pris des dispositions pour que toute l’humanité puisse voir cela. « Un plan a été conçu pour que la grâce merveilleuse et l’amour de Christ soient révélés au monde. Le prix infini payé par le Fils de Dieu pour racheter l’humanité révèle l’amour de Dieu. Ce glorieux plan de rédemption dispose de ressources suffisantes pour sauver le monde entier7. » Souvenez-vous des paroles de Jésus à Nicodème : « Dieu a tant aimé », qui ? « le monde ». Jean 3.16. Ce projet inclut chaque être humain qui aura vécu sur cette planète, depuis le commencement jusqu’à la fin !

« L’homme pécheur et déchu peut être rendu parfait en Jésus par le pardon de ses péchés et l’attribution de la justice du Christ8. » La droiture parfaite de Jésus lui est imputée gracieusement ! En venant à nous, Dieu montre un désintéressement étonnant : il pardonne à ceux qui l’ont méprisé. Car c’est ce qu’Adam et Ève ont fait en Éden, c’est ce que la race humaine a fait. Mais Dieu s’approche d’eux et dit : « Je veux que vous appréciez mon amour. Je suis prêt à pardonner, même si cela va me coûter infiniment. »

Quiconque croit en cette bonté a le cœur touché. « Le Seigneur de vie et de gloire a revêtu sa divinité d’humanité pour montrer à l’homme que Dieu, par le don de Christ, veut nous relier à lui9. » Cet amour ineffable ne se décourage jamais. Pourquoi chercher ailleurs le bonheur ? « Personne ne peut être heureux sans être relié à Dieu, poursuit Ellen. L’homme déchu doit apprendre que notre Père céleste n’est comblé que lorsque son amour embrasse le pécheur repentant, transformé par les mérites de l’Agneau de Dieu sans tache10. »

Beaucoup de chrétiens sont convaincus d’aimer Dieu et de lui rendre un culte agréable. Saul de Tarse l’était aussi, mais il ne montrait pas du tout l’amour de Dieu. Irrité contre les chrétiens, il pensait rendre service à Dieu en les pourchassant et en les mettant à mort. Puis un jour Saul s’est trouvé face à face avec Jésus. Cette démonstration d’amour frappante a changé le cours de sa vie et Jésus a pu le transformer. Dieu poursuit le même but auprès de chaque être humain. Si seulement nous voulions répondre à cet amour !

Par où commencer ? Ellen White répond : « Le premier pas vers le salut consiste à répondre à l’attraction de l’amour de Christ11. » A mon avis, cette déclaration est très importante. Pour être sauvés, contemplons l’amour et croyons-y. « Celui qui croit en lui n’est pas condamné mais celui qui ne croit pas est déjà condamné parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils de unique de Dieu. » Jean 3.18.

Les premiers chrétiens ont cru à cet amour du Christ, qui « a assumé l’humanité à un coût infini, par un processus douloureux, mystérieux pour les anges comme pour les hommes12. » Ils ont répondu à cet amour, ils ont ouvert leur cœur, ils se sont réjouis d’un bonheur qui n’est pas de ce monde. Observer le Christ, méditer sur son projet de rédemption : voilà comment on trouve l’amour agapé.

Jésus est venu sur la terre pour révéler l’Amour. Ce fut une nouvelle révélation de Dieu à l’univers. Imaginez que vous vivez depuis toujours dans le Ciel, pleinement conscient de votre position. Les anges vous adorent et, d’un seul coup, par un choix que vous avez fait, vous êtes rétréci en un être biologique, vulnérable et limité, et vous entrez, inconscient, dans un monde violent et hostile.

La croix de Jésus est l’instrument de sa souffrance. Mais où ses souffrances ont-elles commencé ? Quand il a été rétréci jusqu’à devenir un embryon. Voyez jusqu’où va l’agapé de Dieu ! « C’est là le mystère de la piété, qu’un Être égal au Père revête sa divinité d’humanité et, mettant de côté toute la gloire de sa position de Commandant du Ciel, descende pas après pas le sentier de l’humiliation, supportant un avilissement de plus en plus grave. Sans faute et sans tâche, il se tînt devant le tribunal, pour être éprouvé, pour que son cas soit examiné et jugé par la nation même qu’il avait délivrée de l’esclavage [de l’Égypte]. Le Seigneur de gloire fût rejeté et condamné ; on lui a même craché de dessus. Avec mépris pour ce qu’ils considéraient comme ses affirmations prétentieuses, des hommes le frappèrent au visage13. »

Voilà Dieu, voilà Jésus, voilà l’amour agapé. Notre cœur brûle au-dedans de nous si nous le croyons ; il brûle du désir de répondre à cet amour puissant. Notre capacité d’aimer est stimulée. C’est la première étape vers le salut. Pourtant Jésus reproche à des croyants qui ont fait cette expérience : « Vous avez perdu votre premier amour. » Peut-on se lasser d’aimer l’amour ? Ici-bas, oui, malheureusement.

Ellen White a bien compris notre problème : notre cœur a besoin d’être adouci. Nous sommes des chrétiens endurcis à l’Évangile. Comment ? Comme un chemin de terre que l’on foule encore et encore et dont le sol finit par se tasser. Nos cœurs ont entendu l’Évangile, encore et encore, et nous disons : « J’ai déjà entendu tout ça. Cela ne me fait plus rien. » Pourtant le message apporté à l’Église adventiste en 1888 et dans les années suivantes, exaltait plus distinctement Jésus-Christ. Il contenait des éléments qui manquent dans le cœur de bien des croyants.

Alors remuons le sol de notre cœur, car le Seigneur veut l’attendrir en y faisant pleuvoir sa justice-agapé. Prions avec le psalmiste : « Mes yeux se fatiguent à attendre ton salut et la promesse de ta justice. Agis envers ton serviteur conformément à ta bonté et enseigne-moi tes prescriptions ! Je suis ton serviteur : donne-moi l’intelligence pour que je comprenne tes instructions ! Il est temps d’agir pour toi, Éternel, car on viole ta loi. » Psaume 119.123-126, Segond 21. Nous avons entendu bien des prédications. Nous avons étudié plusieurs fois les doctrines évangéliques. Le désir de vivre des expériences qui ouvrent l’intelligence ou qui émeuvent l’âme est toujours là. Il est temps pour nous d’ouvrir nos cœurs à une lumière qui brille depuis longtemps déjà : celle du message de 1888 !               Christophe Michel

1. Le nom agapè signifie« affection, tendresse ». Le verbe agapaô signifie « chérir » ou « se contenter de ». Pas très excitant pour les philosophes grecs, mais vaste programme pour le Dieu le plus aimable et le plus humble de l’univers ! Dans le NT, le mot agapè a été utilisé pour rendre le mot hébreu ȟesed, qui englobe les notions de bonté, miséricorde, attachement profond… Ndlr.

2. Manuscrit 1, 24 décembre 1906, § 8.

3. YOHEVAH est le seul être de l’univers qui maîtrise les ténèbres : Daniel 2.22 ; Psaume 139.12. Il est le seul qui peut vraiment connaître le bien et le mal : Genèse 2.17 ; 3.5 ; 2 Samuel 14.17 ; Ésaïe 5.20. Lucifer n’est qu’un prétendu prince des ténèbres. Ndlr.

4. 5. Review and Herald, 7 janvier 1887, § 15 et 16.

6. The Youth’s Instructor, 15 décembre 1892, § 2.

7. 8. 9. 10. The Youth’s Instructor, 30 mars 1893, § 2.

11. Signs of the Times, 5 décembre 1892, § 8.

12. 13. Manuscrit 29, 17 mars 1899, § 4 et 5 ; Levez vos yeux en haut, p. 82.

Article publié initialement dans Jésus, Reviens ! journal bimestriel de l'association Sentinelle des temps. Reproduit avec autorisation. 
Retrouvez tous les sommaires de Jésus, Reviens ! dans la Trousse de secours pour les temps de la fin, ou en contactant directement l'association.

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