2 Thessaloniciens 1.1-2 : Un Dieu non préfabriqué
Dieu, Jésus, le Messie, la grâce, la paix, le jugement, autant de termes qui, avec d’autres, renvoient, par analogie, à une seule et même réalité : l’action de YAHVEH, le Créateur en personne, entreprise en faveur de l’humanité et de l’univers pour régler équitablement et durablement le problème du mal. La pensée uniquement analytique, binaire et dissociative, bien qu’utile, est impuissante seule à rendre compte de façon satisfaisante de la révélation du Dieu unique apportée par les sémites. Cette révélation ne peut être saisie que par analogies, par une pensée synthétique et inclusive, typique des écrits hébraïques. C’est ce qui fait la supériorité des saints écrits sur tous les autres textes religieux, «chrétiens» comme «musulmans». C’est ce qui fait aussi l’humanité de ces écrits, la pensée analogique plongeant au cœur de la chair, des affects. C’est ce chemin, le chemin de la chair, que Dieu lui-même s’est abaissé à prendre pour atteindre notre cœur humain !
(Le texte utilisé est celui de la traduction œcuménique de la Bible (TOB), découpé artificiellement selon les versets, et non selon la structure littéraire, pour la commodité de nos lecteurs qui voudraient se référer à leur version familière…)
1 Paul, Sylvain et Timothée à l'Église des Thessaloniciens qui est en Dieu notre Père et dans le Seigneur Jésus Christ.
Le substantif grec traduit par Église, ekklēsia, est formé à partir de la préposition ek qui indique une origine, avec mouvement vers l’extérieur, et de l’adjectif klētos qui fait référence à un appel, à une convocation. Traduit par assemblée, plus proprement par rassemblement, il désigne un corps, un groupe de personnes convoqué par un héraut afin de traiter une affaire ou les affaires d’un État par exemple, dans le contexte profane. Ekklēsia désigne un groupement qui surgit en résultat d’un appel. Ce terme ne désigne en aucun cas une institution, ni une hiérarchie, ni même à proprement parler une délégation. Dans la traduction de la Bible hébraïque en grec (Septante), ekklēsia est souvent l’équivalent de l’hébreu qahal, qui se réfère à une assemblée des Hébreux pour répondre à une convocation particulière (par ex. Juges 21.8). C’est dans le même esprit sémite qu’il faut le comprendre ici, la pensée de Paul étant fortement imprégnée de cet esprit, comme le confirme le reste de ses écrits.
L’ekklēsia du «nouveau» «testament» n’est donc pas une autorité spirituelle, soi-disant succession de saint Pierre, ni une autorité administrative, ni un club social, ni un spectacle de théâtre religieux hebdomadaire. C’est la réunion, de préférence organisée, de ceux qui répondent à l’appel de Dieu lancé à toute l’humanité en et par Jésus le Messie (christos). Ils s’assemblent pour se pencher, sérieusement, sur ce haut-fait divin et agir de concert en conséquence, pour le bien d’autrui quel qu’il soit et quoi qu’il leur en coûte. Aujourd’hui on parlerait de secte. On comprend donc quelle charge récupératrice contient le mot Église, vaine transcription latine de ekklēsia, vaine puisqu’elle en écarte le sens, c’est-à-dire l’essentiel, au profit d’un signifié, «Église», empreint d’une tradition occidentale «chrétienne», elle-même placée sous une emprise malveillante, depuis 1500 ans au moins.
L’origine fondatrice de cette ekklēsia, de ce rassemblement,est donc l’appel de Dieu : ek-klētos. Cet appel comporte des actes. Le Messie Jésus, Dieu, Esprit ayant revêtu la chair humaine, avec tous ses affects et ses faiblesses, en est l’acte vivant par excellence. Cet acte, fou, de Dieu, s’est soldé par une victoire retentissante : le mal qui nous habite jusque dans nos profondeurs a été maîtrisé, par le Messie Jésus, dans notre chair même. Mieux il a été collectivement et analogiquement mis à mort, détruit, anéanti, maudit en étant «pendu au bois», crucifié. C’est la mort de notre mort, comme Paul l’explique longuement dans l’épître aux Romains et ailleurs. Par conséquent, par la foi du Messie Jésus, foi de Dieu dans ses propres principes d’amour et de justice, la victoire sur notre mal nous est accessible, ici et maintenant, en attendant la rédemption de notre corps.
Notre foi n’est qu’une profonde appréciation de la réalité de la foi de Dieu. Paul se réfère souvent à la foi de Dieu, notamment dans l’épître aux Romains, même si cela est peu visible du fait que le même mot grec, pistis, habituellement traduit par foi, est traduit fidélité dans nos versions de la Bible quand il se rapporte à Dieu. Pistis est en effet un équivalent imparfait de la racine hébraïque aman dont le sens premier est nourrir, élever un enfant (à méditer, notamment sur le plan psy !!!). Foi, confiance, fidélité, solidité, fiabilité sont de fait autant de sens possibles de la racine aman. Plus portée à la synthèse qu’à l’analyse, la pensée sémitique aime les inclusions, les rassemblements. C’est pourquoi une même racine peut avoir des sens très différents voire divergents.
L’assemblée des Thessaloniciens dont il est question ici, donc, est le rassemblement des habitants de Thessalonique de l’époque qui répondent présents à cette convocation envoyée par Dieu et son messie à tous les hommes. Ce rassemblement forme de fait une communauté dans la ville de Thessalonique, communauté tissée de différentes sortes de liens. Cependant, ce que Paul affirme ici en tout premier lieu c’est que ce rassemblement (ekklēsia) est inclus en Dieu notre Père et dans le Seigneur Jésus-Christ. Le Père est à l’origine de toute vie et de toute parole qui puisse exister, même de la parole qui est devenue perverse d’ailleurs, celle du Satan, d’où l’implication du Père et la part de responsabilité qu’il assume dans ce problème qui a mis tout l’univers en état d’alerte. Notons le notre, adjectif possessif, utilisé par Paul, qui montre qu’il s’est approprié cette merveilleuse réalité. Il a fait une expérience spirituelle, surnaturelle même, qui lui a appris qui était son vrai Père.
Mais l’inclusion ne s’arrête pas là : le rassemblement des croyants est également inclus dans le Seigneur Jésus-Christ.Christ (grec christos) correspond au mot hébreu mashiah, l’oint, et Jésus correspond à l’hébreu yoshua, c’est-à-dire celui qui sauve. L’onction dont il est question est celle de l’Esprit de YAHVEH. Le Seigneur (Adonaï) Jésus-Christ dont parle Paul est donc YAHVEH dans son Oint qui sauve, celui qui garantit la présence de l’Esprit divin auprès de l’homme contrit et humilié.
Le rassemblement des croyants, ekklēsia, est donc inclus, porté dans le Messie, cet Oint de l’Esprit qui a lui-même porté la chair humaine, celle de toute l’humanité, ce qui ne peut être vraiment efficace et porteur de sens que s’il est le Créateur lui-même. Les croyants sont seulement ceux qui reconnaissent ce fait et qui laissent l’Esprit de Dieu toucher leur cœur par cette merveilleuse réalité, qui échappe forcément à l’analyse pure et qui doit être appréhendée aussi globalement.
De plus, Le Seigneur, expression récurrente dans ledit «Nouveau Testament» pour désigner le Messie Jésus, au-delà des usages de politesse de l’époque, fait clairement référence à Adonaï, dans des oreilles habituées à entendre résonner chaque shabbat les écrits hébraïques à la synagogue. Or Adonaï, dans les écrits hébraïques et/ou dans leur vocalisation désigne clairement YAHVEH lui-même. Ce qui suggère, par analogie que le Messie est lui-même inclus en Dieu notre Père, comme le dit notre verset. Le Messie lui-même, en tant que représentant de l’humanité, que porteur de l’humanité, qu’ayant porté l’humanité déchue, la nôtre, a été porté, adopté, reconnu par l’Autorité suprême, celle du Père. Ainsi Dieu porte son Messie et son Messie nous porte à son tour. Nous sommes bien ici au cœur de la pensée analogique, symbolique, hébraïque et de son système d’inclusions caractéristique.
Attention, il s’agit bien d’une pensée analogique et non binaire, dissociative. Dans le cadre de la pensée scientifique, rationaliste, ces phénomènes d’inclusions n’auraient guère de sens, évidemment. Dans la pensée binaire, en effet, la partie est distincte du tout : la partie ne peut représenter parfaitement le tout. Au contraire, selon la pensée hébraïque, le Messie, vision forcément partielle de Dieu, représente pourtant Dieu parfaitement, dans son caractère et son autorité notamment mais pas seulement (voir les évangiles). A notre tour, nous sommes appelés (klētos) à représenter parfaitement le Messie, à notre échelle, donc à représenter parfaitement, toujours à notre niveau, le caractère de Dieu lui-même ! Tout cela est naturellement impossible dans la pensée logique occidentale, pourtant c’est une réalité. Jésus est descendu des Cieux expressément pour le démontrer.
Il ne faut donc pas lire ces textes avec des lunettes occidentales, binaires ou mystiques, dualistes. Nous risquerions de faire de Dieu une énergie immanente impersonnelle (le tout) et de nous des parcelles de cette énergie (les parties), seule façon de rationaliser un peu ce lien que Dieu a tissé entre nous et lui dans le Messie. Ce type de pensée, gnostique, est très étrangère à la pensée judaïque dans laquelle Paul a été formé. Elle est surtout incompatible avec la vision de Dieu révélée dans la Torah, les prophètes et les Psaumes et donc incompatible avec la révélation du Messie Jésus. Le fait messianique, physique mais divin, dépasse largement notre niveau conceptuel. Nous ne pouvons l’appréhender que par analogies, par images. Laissons donc les idées dualistes ou gnostiques aux évangiles apocryphes ou plus platement à des romans à succès comme le Da Vinci code. Cela n’a aucun intérêt pour la foi.
2 A vous grâce et paix de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ.
Une logique binaire, dissociative, nous ferait dire que la grâce et la paix ne nous viennent pas de Dieu seulement mais aussi du Seigneur Jésus-Christ. Ce qui n’est pas faux mais nous ne devons pas réduire l’action de Dieu à un schéma logique. Nous venons de voir d’ailleurs comment ce «et» peut signifier aussi «donc» voire se référer à une inclusion. Dans un contexte littéraire sémitique, ce «et» doit être aussi compris comme un «ou», ou mieux un «c’est-à-dire». La grâce et la paix viennent du Père, DONC du Messie Jésus. Rappelons que, pour s’être fait appeler Seigneur (Adonaï) ou pour avoir dit «moi et le Père nous sommes un» (audacieuse allusion au shemah yisrael !), Jésus a failli plus d’une fois être victime de l’intolérance religieuse et finir ses jours sous un tas de pierres. Ce n’est pas pour rien.
Cette salutation de Paul, que de savants exégètes qualifieraient de «liturgique» (quelle récupération jésuitique !), fait référence non seulement au culte hébraïque mais aussi aux écrits (ketouvim) et notamment aux Psaumes. Or, dans le style des Psaumes, Dieu le Père ET le Seigneur Jésus-Christ n’est pas une addition ni une énumération (pensée analytique) mais un parallélisme (pensée analogique). La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu, c’est-à-dire du Père, c’est-à-dire du Seigneur (Adonaï, donc YAHVEH), c’est-à-dire de Joshua (celui qui sauve, mais aussi par analogie celui qui rachète (le goël), donc YAHVEH), c’est-à-dire de la part de l’Oint (christos), de celui qui apporte l’onction de l’Esprit dans la chair humaine, DONC YAHVEH ! Soulignons au passage que, par le Messie, YAHVEH apporte l’Esprit dans la chair, et non dans «l’âme» seulement : il s’agit bien ici du Messie de YAHVEH, du vrai Messie, et non du mystique VERSE-EAU du Nouvel-âge : perversion ! Vade retro !!!
La grâce et la paix nous sont donc données de la part de Dieu, c’est-à-dire de Jésus. Cette réalité ne peut être appréhendée que par analogie. La logique pure, analytique, voudrait que l’on dise, si c’est Dieu ce n’est pas Jésus, ou si c’est Jésus, ce n’est pas Dieu. La pensée analogique hébraïque veut que l’on comprenne : c’est Dieu, donc c’est son Oint, c’est celui qui sauve (Jésus), donc c’est YAHVEH. Cela découle directement de l’enseignement des prophètes, et c’est pourquoi les religieux de l’époque de Jésus n’avaient rien à répondre : insoumis (non-islam) au plan de Dieu, il se fermaient eux-mêmes toute issue, excepté le recours à la violence.
La grâce est un signifié lourdement chargé de traditions «chrétiennes» perverties. Le terme grec correspondant, charis, semble pourtant des plus limpides, quoique possédant un vaste champ sémantique. Dans le grec classique, il signifie «amabilité, beauté, bienveillance», mais aussi «bienfait, faveur, ce qui provoque la reconnaissance» et, dans les texte poétiques, «joie, plaisir, ce qui est agréable», un sens trouvé aussi dans le Nouveau Testament, le verbe chaïrô signifiant se réjouir. Ajoutons que Charis, la plus jeune des Grâces, est quelquefois la déesse de la persuasion et de l’éloquence. On le voit, il aurait été difficile de trouver, dans cette langue, un meilleur mot que charis pour décrire les facettes de l’action de Dieu en faveur de l’humanité. Nous persuader de changer d’avis sur Lui (metanoïa), toucher notre cœur par sa bonté et en faire jaillir la reconnaissance, gagner notre admiration par ses exploits, voilà ce qui réjouit le cœur de Dieu, du Dieu de la Bible en tous cas.
En hébreu, c’est le terme hen qui semble le plus proche de charis. Il est généralement traduit par faveur, grâce, charme, élégance mais aussi acceptation, ce dernier sens faisant penser à celui du très fameux verbe grec agapaô, dont le sens premier, on l’oublie souvent, est «se contenter de». Cela nous rappelle que Dieu aime ses créatures indépendamment de leur valeur intrinsèque. La racine hébraïque correspondante à hen, hanan, signifie principalement faire miséricorde, accorder une faveur, et, au Hithpaël (mode réfléchi), chercher une faveur, implorer une grâce, d’où le sens associé être répugnant. Et c’est bien à des êtres rendus répugnant par Satan, nous, que YAHVEH fait grâce. Et faire grâce, dans l’esprit sémitique, toujours très concret, ce n’est pas une déclaration juridique, ce sont des actes tangibles et un engagement palpable. Quand Dieu nous fait grâce, il nous donne en même temps les moyens d’être à la hauteur de cette faveur. Il nous appelle à lui faire honneur, à devenir nous aussi pleins de charme, d’élégance, de beauté morale, comme lui ! La paix en découle. Pas de paix intérieure, sans réconciliation avec le Père (ce qui peut incidemment nécessiter un travail psychique afin de mieux appréhender le conflit incestueux inconscient). Puis, avec la paix, arrive la joie (chaïrô), la joie de Dieu, la joie du Ciel, même pour un seul pécheur qui se repent, joie qui devient la nôtre aussi ! VIVE YAHVEH !!
Voilà, à peu près, ce que nous pourrions dire pour ces deux premiers versets, et nous ne pouvons évidemment prétendre être exhaustif. On mesure alors à quelle densité spirituelle Paul atteint après quelques treize siècles de culture et d’écrits hébraïques, treize siècles et beaucoup plus si l’on compte la tradition orale qui les a forcément précédés. Ces deux seuls versets, grâce aux nombreux écrits auxquels ils renvoient, contiennent plus d’informations sur Dieu que 100 pages du Coran, où Mahomet ne se réfère quasiment qu’à ses propres «révélations», toutes les autres révélations étant étiquetées comme falsifiées. Trop facile. Alors arrêtons avec ces religions au rabais, nombriliques et uniquement intéressées par le pouvoir !
Le Dieu de Paul, qui est aussi le Dieu d’Abraham, n’est pas un dieu préfabriqué. On ne le réduit pas à des raisonnements théologiques ni à des ordonnances religieuses. Cependant, grâce à Jésus l’Oint, on peut voir très concrètement, dans les Évangiles et plus généralement dans l’ensemble des saints écrits, ce que ce Dieu-là FAIT, comment il agit et, en partie, pourquoi il agit. A coup sûr, ce Dieu-là est fort différent d’Allah ou du «Dieu» des «chrétiens». Seuls les Hébreux de l’Antiquité nous ont transmis un aperçu valable de Dieu. Ce Dieu-là, YAHVEH, n’est ni un tyran ni un persécuteur. Il échappe à toutes les étiquettes, à toutes les définitions savantes et surtout à toutes les récupérations, politiques ou religieuses. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas d’autorité, ni que ce que nous faisons de nos vies lui est indifférent. Bien au contraire. Et, grâce aux prophéties, nous savons aussi qu’il maîtrise le déroulement de l’histoire des civilisations et qu’il saura aussi comment la conclure. VIVE CE DIEU-LA !