Ellen White écrit au président de la Conférence générale
Lettre 46 du 8 mai 1890. Un an et demi après le crash de Minneapolis, Ellen tente de faire sortir la tête de son Eglise chérie hors de l’eau. Elle réside alors en Californie où elle décrit un corps pastoral dans un état assez lamentable, « pitoyable » selon ses propres termes. Malade, elle se sent de plus isolée suite au départ dans l’Est de ses précieux collaborateurs évangéliques, Alonzo Jones et « le Docteur Waggoner ». Il semble que le « message très précieux » de « la Justice du Christ mise en relation avec la loi »*, à savoir la nouvelle interprétation de l’épître aux Galates présentée par le duo de choc de Signs of the Times, non seulement n’ait pas atteint le peuple adventiste à cette époque, mais encore n’ait pas produit son effet sur le corps pastoral.
L’heure est grave. Après les critiques malveillantes lancées à Minneapolis contre les personnes de Jones et Waggoner, (par des pasteurs incapables de pouvoir réfuter leurs présentations de l’évangile en relation avec le sanctuaire), « la beauté de la vérité »* reste toujours cachée aux yeux de « l’Eglise du reste ». Ellen lance un appel au secours poignant, désolant et désolé, mais édifiant.
Merci Ellen pour ton courage, qui te vaudra d’être exilée en Australie un an plus tard ! Après avoir « descendu » l’inamovible président Butler, voilà que tu fais maintenant comprendre au président Olsen qu’il ne fait pas le poids ! Ecoute, Ellen, cela ne se fait pas !!!
* Pour plus de détails sur le point de vue d’Ellen White sur ce qui s’est vraiment passé à Minneapolis, on lira avec profit le Manuscrit 15 du 1er novembre 1888, A Call to a Deeper Study of the Word et le Manuscrit 24, Looking Back at Minneapolis, écrit en novembre décembre 1888.
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Lt 46, 1890 |
Lettre 46, 8 mai 1890 |
Olsen, O. A. |
A Ole Olsen[1] |
Crystal Springs, St. Helena, California |
Crystal Springs, Saint Helena[2] (Californie) |
May 8, 1890 |
Le 8 mai 1890 |
Dear Brother, |
Cher frère, |
I received a letter from Willie White suggesting that Elder Waggoner be called to the East to attend the Ministerial Institutes, and to teach the school. I think it would be in the order of God for the President of the General Conference to visit this part of the moral vineyard and take in the situation of things, for there is a condition of things in California that is certainly deplorable. I will send you a copy of a letter handed me from M. J. Church while I was at the camp meeting in Fresno. There is great need of different kinds of gifts being brought in here than that which they now have. But don’t send Elder Farnsworth, for he is settled nowhere. He is inclined to think and believe with the last man he is with. I put no dependence on him, and the less we have of such workers the better it will be for the vineyard of the Lord. Elder Farnsworth does not know what it is to walk with God, to move in harmony with the mind of God. He feels fully competent and self-sufficient, but oh he carries a cheap influence out of the desk. His words, his manners, his conversation are not what should be cultivated by a minister of Jesus Christ. There has come into our gatherings or convocation meetings a cheap commonness in association not after the order of devout worshipers, but of the festivals and idolatrous worship. God would have all these things pass away and Christ’s manner of teaching brought in, and the heavenly model be copied. {Lt46-1890.1} |
J’ai reçu une lettre de Willie White[3] suggérant que le pasteur Waggoner[4] soit appelé dans l’Est pour enseigner dans les classes des instituts de formation pastorale. [Cependant] je pense qu’il serait dans l’ordre des choses [du point de vue] de Dieu que la présidence de la Conférence générale visite cette partie du vignoble spirituel[5] et évalue la situation, car celle-ci est certainement déplorable [ici] en Californie. Je vous enverrai une copie d’une lettre qui m’a été donnée par M. J. Church pendant que j’étais au camp-meeting de Fresno[6]. Elle rapporte un grand besoin de talents[7], différents de ceux dont ils disposent maintenant. Mais n’envoyez pas le pasteur Farnsworth, car il est totalement instable. Il a tendance à se faire une opinion en fonction de la première personne qu’il rencontre. Je ne lui fais pas du tout confiance et moins nous aurons de tels ouvriers mieux ce sera pour la vigne du Seigneur. Le pasteur Farnsworth ignore ce que c’est de marcher avec Dieu. Il se sent pleinement compétent et autonome mais, oh ! il donne une piètre image du corps pastoral. Ses paroles, ses manières, sa conversation ne sont pas celles qu’un représentant de Jésus-Christ devrait cultiver. Une fréquente vulgarité de relation est apparue dans nos rencontres ou nos réunions, non comme il convient à de pieux adorateurs, mais comme dans les fêtes ou les cultes idolâtres. Dieu voudrait que ces choses disparaissent, que la façon d’enseigner du Christ prenne la place et que le modèle céleste soit suivi. |
We find here on the Pacific Coast scarcely a man who carries a weight of influence. We find a spirit of criticism at work to tear down, to make the worst appear, to dwell on the little, objectionable things which are talked of till molehills become mountains of difficulty. The missions established at much expense must be broken up for trivial reasons. There are so few at work standing shoulder to shoulder, warring against principalities and powers and spiritual wickedness in high places, that the enemy’s forces seem to be constantly strengthening, and those claiming to believe the truth are the mediums Satan uses to discourage and dishearten the things that remain. {Lt46-1890.2} |
Ici, sur la côte Pacifique, il est difficile de trouver un homme de poids et d’influence. Un esprit de critique est à l’œuvre, pour démolir, pour mettre le pire en évidence, pour insister sur les petits points contestables, dont on parle jusqu’à ce que de simples taupinières se transforment en montagnes de difficulté. Pour des motifs insignifiants, [on prétend que] des missions[8] engagées à grands frais doivent être interrompues. Si peu de personnes travaillent au coude à coude, luttant contre les principautés, les puissances et les esprits méchants dans les lieux célestes, que les forces de l’ennemi semblent s’accroître constamment et que ceux qui prétendent croire à la vérité sont les moyens que Satan utilise pour décourager et démoraliser le reste des troupes. |
To question and doubt and talk against the Testimonies and the ministers seems to be the atmosphere that prevails. Several times I have been shown that there was great danger of sending off our men upon whom we depend to keep the churches and home missions in a healthful condition to foreign missions and leaving the home missions to languish. It can be represented as killing the goose that laid the golden egg. Satan watches his chances when he can come in and bear sway over unconsecrated elements. {Lt46-1890.3} |
La contestation, les doutes et les discussions hostiles aux Témoignages[9] semblent prédominer dans notre atmosphère. Plusieurs fois, il m’a été montré qu’il était très dangereux d’envoyer au loin, pour des missions à l’étranger, des hommes dont nous avons besoin pour maintenir nos églises et nos missions en bonne santé et de laisser nos missions mères s’étioler. C’est comme si on tuait la poule aux œufs d’or. Satan guette l’opportunité de s’introduire pour exercer son emprise sur les personnes qui ne sont pas consacrées [à Dieu]. |
Some ministers like Edwin Jones can never take a position and hold it sensibly. He will regard matters in an intense light. He will gather up little points of seeming difference and act as though he would stake his soul upon their verity and strength. He cannot discern that he can serve God with power and purpose, too, in dwelling on the large treasures of subjects in God’s storehouse and feed the flock of God. All must stand shoulder to shoulder and step by step keep rank and file in perfect order. When there is no real variance in ideas his naturally extravagant ideas, his fruitful imagination, places things of difference in the strongest light which he can put them in, and he leads minds to miscalculate, and carry things in so strong a manner that he does positive harm. {Lt46-1890.4} |
Certains pasteurs comme Edwin Jones n’arrivent jamais à prendre une position et à s’y tenir intelligement. Il examine les choses à la loupe. Il rassemble de petits points de divergence apparents et il se comporte comme si sa vie dépendait de leur réalité et de leur importance. Il ne parvient pas à comprendre qu’il peut servir Dieu avec force et détermination, lui aussi, en puisant dans le vaste réservoir des sujets contenus dans les trésors divins[10] afin de nourrir le troupeau de Dieu. Tous doivent rester dans les rangs, au coude à coude, et, pas après pas, s’aligner en ordre parfait. Quand il n’existe pas de divergence réelle dans les idées présentées, ses idées extravagantes et son imagination naturellement fertile placent des éléments de différence sous l’éclairage le plus fort qu’il peut trouver ; alors il induit les autres si fortement en erreur, dans leur évaluation, qu’il fait un mal certain. |
He confuses minds, he buries the simplest and most essential truths by his strong expressions, his extravagant imaginations, so that his labors on this coast are really a failure. They do more harm than they possibly can do good. Now, what to do with cases of this character is a question. I believe him to be perfectly honest, but there is such a strength of imagination, such wonderfully strong expressions, that his brethren are really afraid to put him to labor anywhere. {Lt46-1890.5} |
Il met de la confusion dans les esprits, il ensevelit les vérités les plus simples et les plus essentielles sous ses expressions chocs et son imagination extravagante, de sorte que son travail sur la côte Ouest est en réalité un échec. Ses efforts font plus de mal que de bien. Que faire avec des cas de ce genre, c’est la question. Je le crois parfaitement honnête, mais il possède une telle force d’imagination, il emploie des formulations si fortes, que ses frères ont vraiment peur de lui confier un tâche quelque part. |
Brother McClure is not a speaker, but a good counsellor, a good worker. Elder Loughborough has worked hard, but there is a strong feeling against him, not altogether just, and he has but little influence with a large number in the conference. I believe he has tried to follow the Lord and do His will, but if he cannot carry the churches with him then he cannot do them much good. {Lt46-1890.6} |
Frère McClure n’est pas un orateur mais il est un bon conseiller, un bon ouvrier. Frère Loughborough[11] a travaillé dur, mais il existe un fort sentiment de rejet à son égard, qui n’est pas entièrement justifié, aussi il n’a que peu d’influence sur la majorité de la fédération [de Californie]. Je suis sûr qu’il a essayé de suivre le Seigneur et de faire Sa volonté mais, s’il n’est pas en mesure d’entraîner les églises à sa suite, il ne peut leur faire beaucoup de bien. |
When A. T. Jones went east, then Dr. Waggoner and Charlie Jones, it was too much to take away at one time. Now could Elder Loughborough use his talent in Michigan for a time, and in other states, his firm position on the Testimonies would revive the faith of those who have been misled by the doubts and unbelief of those who have weakened the faith and confidence of churches in them. {Lt46-1890.7} |
D’abord A. T. Jones est parti dans l’Est, puis le Dr Waggoner et Charlie Jones : cela a été trop d’un coup pour pouvoir le supporter. Frère Loughborough ne pourrait-il donc pas pendant un temps employer ses talents dans le Michigan et dans d’autres États ? Sa fermeté par rapport aux Témoignages pourrait raviver la foi de ceux qui ont été égarés par les doutes et l’incrédulité de ceux qui ont affaibli la foi et la confiance des églises dans les Témoignages. |
Certainly there must be a change. A president must be put in at the next General Conference who will command more respect and whose work will be more respected. M. J. Church and many others are constantly talking, picking flaws, and looking with contempt upon the management of Elder Loughborough. There must be help brought to California at once. At Fresno they need help all the time. They would accept St. John, but he cannot stay there. Many they refuse. I hated to leave things in Fresno just as we did, but what could be done? I shall not consent to take another laborer from California. There are men you can have and welcome, and I think you can find fields where there can be some one whom they respect, to have an oversight of them. I think there ought to be some one who will see and understand the necessities of these fields, especially in California; and send good help, the very best kind, men who are anchored, men who can be depended on. I can see no wisdom in stripping the field of our home missionaries and then expect everything to thrive. {Lt46-1890.8} |
Un changement est vraiment nécessaire. Lors de la prochaine Conférence générale, il faudra nommer un président qui commande davantage le respect[12] et dont le travail sera davantage respecté. M. J. Church et plusieurs autres sont constamment en train de discuter, de chercher la faute et de regarder avec mépris la gestion de frère Loughbourough. Il faut apporter de l’aide à la Californie rapidement. A Fresno, ils ont tout le temps besoin d’aide. Ils accepteraient que ce soit Saint John, mais lui ne peut pas rester là-bas. Ils ont refusé plusieurs propositions. J’étais malade à la pensée de quitter Fresno en laissant les choses dans cet état, mais que faire ? Je ne pouvais consentir à engager de nouveau un ouvrier de Californie. Il y a des hommes que vous pourriez engager avec bonheur ; je pense qu’il y a des champs[13] [de l’œuvre adventiste] où l’on peut trouver quelqu’un qu’ils respectent et qui les supervise. Je pense qu’il devrait y avoir quelqu’un qui saisisse et comprenne les besoins de ces champs, en particulier ceux de la Californie, et qui sera un soutien valable, de la meilleure sorte. Des hommes solides, sur qui l’on puisse compter. Dégarnir nos missions mères et s’attendre ensuite à ce que tout prospère : je ne vois rien de sensé là-dedans. |
I do not expect to be at your General Conference. I would rather run the other way. I wish Dr. Waggoner could be teacher in the ministerial institute, and think that is his place, but could you see the pitiful condition of things here! I hoped to do something, but to my great sorrow I seem to be in a helpless condition. My brethren, who thought they were doing God service in discouraging my heart, in obstructing my way, in opposing themselves to all that I was in the fear of God trying to do, could they look upon me would see something of their work. They made my work fifty-fold harder than it would otherwise have been. I wonder if these earnest, zealous men, who were engaged in sowing questionings and doubts and resistance and stubbornness in rejecting the counsel of God against themselves, have thought of these words? “Curse ye Meroz, curse ye bitterly the inhabitants thereof; because they came not up to the help of the Lord, to the help of the Lord against the mighty.” Judges 5:23. {Lt46-1890.9} |
Je ne m’attends pas à être à votre Conférence générale[14]. Je m’enfuirais plutôt en sens inverse. Je souhaite [moi aussi] que le Dr Waggoner devienne professeur à l’institut de formation pastorale, et je crois que là est sa place. Mais si vous voyiez l’état des choses ici ! C’est pitoyable. J’ai espéré faire quelquechose, mais à mon grand regret, il semble que je sois impuissante. Si mes frères qui pensaient rendre service à Dieu en me décourageant, en obstruant mon chemin, en s’opposant à tout ce que j’essayais de faire dans la crainte de Dieu, pouvaient me regarder [maintenant], ils verraient le résultat de leurs actions. Ils ont rendu mon travail cinquante fois plus dur qu’il n’aurait été autrement. Je me demande si ces hommes engagés et zélés, qui étaient occupés à semer des questions, des doutes, de la résistance et de l’obstination à rejeter l’évaluation de Dieu les concernant ont pensé à ces paroles : « Maudissez Méroz, dit l’Ange de l’Éternel, Maudissez, maudissez ses habitants, Car ils ne vinrent pas à l’aide de l’Éternel, À l’aide de l’Éternel, parmi les héros. » Juges 5.23 |
We have had entrusted to us a message to bear to God’s people. We have had arrayed against that work Satan, his host and traitors and evil men. We have need of the help which every one should have been prepared to give to us. We fight not against flesh and blood, but against principalities and powers and spiritual wickedness in high places. But when men who claim to be faithful and true to all purposes, engage with the enemy of God to hinder and confuse and perplex minds, and keep them on the side of the enemy as has been the case since I left Europe and stepped on American soil, how can the Lord look upon these things that so many have not worked on God’s side of the question? How could the burden but be of crushing weight to my soul when God was opening before me the messages He would have come before the people? Under whose leadership were these professed soldiers of Jesus Christ doing service? These things have grieved the Spirit of God and the words to Meroz were applicable to them. {Lt46-1890.10} |
Un message nous a été confié pour que nous le portions au peuple de Dieu. Nous avons vu Satan, ses armées, ses traîtres et ses méchants hommes se dresser contre cette œuvre. Nous avons besoin de l’aide que chacun devrait avoir été préparé à nous donner. Nous ne luttons pas contre la chair et le sang, mais contre les principautés, les puissances et les esprits méchants dans les lieux célestes. Mais quand des hommes qui affirment être fidèles et loyaux en toutes choses se rangent du côté de l’ennemi de Dieu pour semer obstacles, confusion et perplexité dans les esprits, les maintenant du côté de l’ennemi, comme cela a été le cas depuis que j’ai quitté l’Europe et que j’ai foulé le sol américain[15], comment le Seigneur peut-il considérer cette situation, dans laquelle tant d’ouvriers n’ont pas travaillé du côté du Seigneur ? Comment ma charge a-t-elle pu être aussi écrasante pour mon âme, alors que Dieu dévoilait à mes yeux les messages qu’il voulait présenter au peuple ? Sous quel commandement ces soldats qui se déclarent pour Jésus-Christ accomplissent-ils leur service ? Ces choses ont blessé l’Esprit de Dieu et les paroles adressées à Méroz ont été applicables à ces personnes. |
I have a message to the people. Urgent calls are coming to me from all directions, but I am lying crushed, a cart beneath sheaves, and I can but feel deeply over these things. “It seems so strange that Sister White is laid upon a bed of suffering; why doesn’t the Lord raise her to health?” is the question. I look with astonishment to the strength that has been imparted to me, and should the Lord place me again in working order, I hope to do my duty. I have just that confidence in my brethren that those who have had every evidence God saw fit to give them, that His Spirit and power was with me, and yet turned from it all to walk in the sparks of their own kindling, and have shown a wonderful blindness, want of perception and knowing the things that be of God, and in their resistance of light and evidence in their choosing the darkness rather than the light, have virtually said, “We want God’s ways, but we want our own ways.” {Lt46-1890.11} |
J’ai un message pour le peuple. Des appels urgents me parviennent depuis toutes les directions, mais je suis couchée, accablée, ployant sous le fardeau, et je ne peux que ressentir profondément la situation. « Il est étrange que Sœur White est alitée et souffrante ; pourquoi le Seigneur ne restaure-t-il pas sa santé ? » demande-t-on. [Mais pour ma part] Je constate avec étonnement que des forces m’ont été communiquées, et si le Seigneur devait me mettre de nouveau au travail, je souhaite accomplir mon devoir. Je suis assurée que ceux de mes frères qui ont reçu toutes les preuves que Dieu a jugé bon de leur donner, concernant la présence et la puissance de Son Esprit à mes côtés, et qui ont pourtant tourné le dos à cela pour avancer à la lueur de leur propre bougie, faisant preuve d’un étrange aveuglement, d’un manque de perception et de connaissance des choses divines, dans leur résistance contre la lumière et contre l’évidence, dans leur préférence pour les ténèbres plutôt que pour la lumière, ont virtuellement affirmé : « Nous voulons [suivre] les voies de Dieu, mais nous voulons [les suivre selon] nos propres voies. » |
Should circumstances shape in a similar manner as they have in the past, they would be easier subjects to Satan’s temptations than they were in the first place. They would work on the same line, act over the same things, confederate to resist, to criticize, to press their whole weight against God’s work for this time unless they are entirely transformed, unless their Phariseeism is seen as God has shown it to me, and unless they remove, by every effort possible on their part, the stumbling blocks and do the work God wanted them to do in the beginning—come up to the help of the Lord, to the help of the Lord against the mighty. {Lt46-1890.12} |
Si les circonstances devaient se présenter sous un jour semblable à celui du passé, ils seraient plus vulnérables aux tentations de Satan qu’ils ne l’ont été la première fois. Ils adopteraient la même ligne de conduite, réagiraient aux mêmes choses, s’uniraient pour résister, pour critiquer, pour peser de tout leur poids contre l’œuvre de Dieu du moment, sauf s’ils ont totalement changé, sauf si leur pharisaïsme [leur] apparaît tel que Dieu me l’a montré et sauf si ils ôtent, par tous les efforts possibles de leur part, les pierres d’achoppement et si ils font le travail que Dieu voulait qu’ils fassent au début : venir à l’aide de l’Éternel, à l’aide de l’Éternel parmi les héros [Juges 5.23]. |
Well, here I am sick in bed with malaria and rheumatism which first attacked the heart and has now spread over my entire body. I do not feel any burden of my own case. I am too thoroughly sick to try to get up my will power or to present my case to God in faith. I simply do not care. I long for rest. I have wrestled for the victory until I have fallen wounded and bruised and crippled, not by the weapons of the enemy but those of my own brethren. Perhaps some think, Well, if Sister White was really doing the work of the Lord He would have sustained her. But if they would look a little, and reason from cause to effect, they would feel the rebuke of God upon them for joining the enemy’s efforts stirred from a power from beneath. They did the very work Satan wanted them to do, now let me rest. I have no burden of anxiety to recover. I am a suffering invalid. Just let me be. If I receive strength I will try and do something here in California. But I do hope you will visit California yourself. I hope that you will see that there must be a different set of gifts brought in here, and I hope it will not be long before we shall see help coming. {Lt46-1890.13} |
Actuellement je suis au lit, malade, avec la malaria et des rhumatismes qui se sont d’abord attaqués au cœur[16] avant de s’étendre maintenant à tout le corps. Je ne perçois aucune charge [spirituelle] concernant mon propre cas. Je suis trop malade pour rassembler mes énergies et ma volonté ou pour essayer de présenter mon cas à Dieu par la foi. Je m’en fiche, tout bonnement. J’aspire au repos. J’ai lutté pour obtenir la victoire jusqu’à ce que je m’effondre, blessée, brisée, paralysée, non pas par les armes de l’ennmi mais par celles de mes propres frères. Peut-être que certains se disent : « Voyons, si Sœur White faisait réellement l’œuvre du Seigneur, il l’aurait soutenue. » Mais s’ils regardaient d’un peu plus près et raisonnaient de cause à effet, il percevrait le reproche de Dieu à leur égard pour s’être unis aux efforts de l’ennemi, stimulés par une puissance d’en bas[17]. Ils ont fait exactement le travail que Satan voulait qu’ils fassent : maintenant je souhaite me reposer. Je ne suis pas anxieuse par rapport à ma guérison. Je suis faible et souffrante : cela me suffit. Si je retrouve des forces, j’essaierai de faire quelque chose ici en Californie. Mais j’espère vraiement que vous rendrez vous-même visite à la Californie. J’espère que vous constaterez [alors] qu’il est nécessaire d’amener ici un assortiment de talents différent et j’espère que nous verrons de l’aide arriver rapidement. |
[1] Président de la Conférence générale effectif depuis 1889.
[2] Saint Helena est à une centaine de kilomètres au nord de San Francisco.
[3] Troisième fils de James et Ellen. Il a occupé diverses responsabilités dans l’Eglise adventiste de l’époque. Le deuxième, James Edson, n’était pas encore revenu à la foi adventiste en 1890. L’aîné, Henry, est mort dans la foi en 1863, à l’âge de 16 ans et le plus jeune, John Herbert, est décédé à l’âgede trois mois, le 14 décembre 1860, six jours avant que la Caroline du Sud fasse sécession, en réaction à l’élection du président Lincoln, et quelques semaines avant qu’Ellen reçoive sa vision prophétique sur la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage, le 12 janvier 1861, trois mois et trois jours avant le début des hostilités.
[4] Ellet Joseph Waggoner. Le pasteur Waggoner, pourtant encore rédacteur de Signs of the Times en 1890, a quitté momentanément la Californie (voir plus bas), probablement afin de prêcher dans l’Est des Etats-Unis où se trouvent la majorité des adventistes de l’époque. Il quittera ses fonctions en et partira pour l’Angleterre en 1892, où il sera le rédacteur de Present Truth pendant dix ans. E. J. Waggoner, appelé plus bas et ailleurs par Ellen White « le Dr Waggoner », a été médecin avant de rejoindre le pastorat. Il redeviendra médecin suite à son divorce et trouvera un poste dans une institution adventiste… auprès du Dr Kellog ! Il aurait peut-être mieux fallu qu’il ait eu l’autorisation de continuer d’exercer un ministère pastoral, malgré son divorce. Mais cela n’était pas du tout envisageable à l’époque.
[5] C’est à-dire l’Ouest, la Californie, là où Ellen réside. Ellen exprime ici indirectement son souhait de voir le Dr Waggoner revenir auprès d’elle en Californie : voir plus bas.
[6] Fresno est à 350 km au sud de Saint Helena. La mission adventiste de Fresno a commencé à partir de 1868, avec la construction d’un canal d’irrigation en provenance de Kings River, en vue de cultiver des céréales. Ce projet a transformé le lieu de désert aride en oasis et a apporté de nombreuses autres commandes semblables à l’Eglise adventiste. Moses J. Church, arrivé de Napa en 1868 pour travailler à la construction du canal d’irrigation de Fresno, a été baptisé au camp-meeting de Yountville en 1873.
[7] C’est-à-dire de ressources humaines, des pasteurs de profils différents notamment comme l’indique la suite de la lettre.
[8] Ce terme peut désigner plusieurs secteurs d’activités de l’Eglise adventiste de l’époque : publications, sanitarium, mission médicale, éducation, écoles…
[9] Le terme « Témoignages », dans le langage adventiste de l’époque, désigne les recommandations spécifiques de Dieu à l’intention de cette Eglise confiées par Dieu à Ellen White, dans des songes, des visions et plus souvent dans son contact personnel quotidien avec l’Esprit de Dieu. Ces recommandations peuvent être d’ordre général ou concerner une doctrine ou une situation particulière. Ellen a toujours pris très au sérieux ces indications divines, en tant que telles. Mais elle avait décidé qu’elle, en tant qu’individu, ne comptait pas par rapport à ce phénomène ; elle ne percevait pas du tout cela comme un pouvoir personnel. Elle est toujours restée focalisée sur le contenu du message divin, se considérant elle-même comme un simple « facteur » entre Dieu et l’Eglise adventiste. La façon dont elle en parle dans ses manuscrits et ses lettres l’atteste. Mais, parce que le mouvement adventiste lui tenait à cœur, la façon dont ces « Témoignages » étaient reçus par les dirigeants et les membres de l’Eglise adventiste pouvait lui causer beaucoup d’anxiété et d’insomnies… qu’elle mettait à profit pour prier, recevoir personnellement plus d’Esprit et écrire de nouveau ! Enfin le terme « Témoignages » désigne aussi la mise par écrit et les éditions imprimées de ces indications divines (9 volumes dans la dernière édition, totalisant près de 5 000 pages).
[10] Original : « the large treasures of subjects in God’s storehouse », c’est-à-dire les thèmes de la Rédemption tels que présentés dans la Bible, ces thèmes que A. T. Jones et E. J. Waggoner présentaient alors sous un jour nouveau, depuis Minneapolis. Comme Ellen le répète souvent et avec force dans d’autres lettres et d’autres discours de l’époque qui nous sont parvenus, elle souhaitait que les autres pasteurs sondent eux aussi davantage la Bible, plutôt que de chercher l’erreur chez ceux qui n’exprimaient pas les choses comme eux, afin de tirer de ce trésor de nouvelles et précieuses lumières sur le thème inépuisable du salut en Jésus-Christ.
[11] John Loughbourough a joué, avec Daniel Bourdeau, un rôle important dans l’établissement de la mission adventiste en Californie, à partir de 1867. La Fédération de Californie a été organisée en février 1873. La même année deux importants camp-meetings ont eu lieu, l’un près de la côte, à Bloomfield, à 100 km au nord de San Francisco, et l’autre, plus au centre, à Yountville. Ces camps ont réunit jusqu’à 1 500 personnes en un même lieu et entraîné plusieurs dizaines de baptêmes.
[12] Elle a du toupet, ici, apparemment. Cependant, dans les faits, c’est Ellen qui devra partir, en Australie, dès l’année suivante en 1891, et elle y restera jusqu’en 1900, inclus. Olsen, lui, restera à la présidence jusqu’en 1897.
[13] D’autres fédérations ou missions en dehors de la Californie.
[14] Apparemment en tant qu’employée, et non en tant que déléguée.
[15] Le séjour d’Ellen White en Europe (Angleterre, Suisse, France, Allemagne, notamment) s’étend de 1885 à l’été 1887.
[16] Selon l’American Dictionary of the English Language de 1828, ce terme désigne alors des douleurs (probablement inflammatoires) pouvant affecter aussi bien les muscles que les articulations.
[17] Ellen utilise une expression très proche dans un manuscrit écrit à Minneapolis et intitulé : Manuscrit 15 du 1er novembre 1888, A Call to a Deeper Study of the Word et adressé « aux frères assemblés à la conférence » : voir le paragraphe 6 de ce mansucrit.